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Intervention de ministre d'état

Réunion du 10 janvier 2012 à 17h00
Commission des affaires étrangères

ministre d'état :

Monsieur Loncle, votre intervention traduit à la fois un profond pessimisme et une ardente combativité. Si je vous entends bien, il aurait fallu brandir l'étendard de la révolte face à la Hongrie et la stigmatiser, intervenir en République démocratique du Congo pour s'interposer entre les factions et aller plus loin encore que nous ne l'avons fait en Libye. Soyons sérieux ! S'agissant de la Hongrie, je n'ai jamais prétendu que la Commission européenne ne faisait rien. J'ai même dit exactement le contraire. Avant même l'adoption de certaines dispositions législatives, la Commission a adressé des courriers aux autorités du pays. La commissaire européenne à la justice, Mme Reding, a demandé des explications sur la réforme de la justice, et le président de la Commission, M. Barroso, le retrait de la réforme de la banque centrale ainsi que des dispositions relatives à la stabilité financière. Il est vrai que ces mises en garde n'ont pas, pour l'instant, été suivies d'effets. Il sera toujours possible pour la Commission d'engager une procédure d'infraction à l'encontre de la Hongrie. Le Parlement européen, quant à lui, devrait se saisir du sujet lors de sa prochaine session plénière. Il y a eu une réaction très ferme de la part des autorités européennes et très claire de la part de la France. La France ne s'est pas rangée dans le camp des pays restés silencieux, comme en attestent d'ailleurs les réactions des dirigeants hongrois. Il nous a été reproché de nous mêler de ce qui ne nous regardait pas. Je ne regrette en rien car je suis convaincu qu'il fallait le faire. Nous continuerons d'essayer de convaincre la Hongrie de modifier ce qui n'est pas acceptable dans les textes qu'elle vient d'adopter.

S'agissant de la République démocratique du Congo, l'Union africaine a été la première à reconnaître la victoire de M. Kabila. Nous avons fait nos propres observations et allons les poursuivre. Aurait-il été opportun de se montrer plus radical, au risque de jeter de l'huile sur le feu et de pousser les parties en présence à la confrontation ? Sans dissimuler que nous déplorions les irrégularités commises, nous avons cherché à calmer le jeu de part et d'autre, en appelant à la concorde et au dialogue.

La situation en Libye demeure très préoccupante, j'en ai parlé en évoquant toute l'utilité du partenariat de Deauville. Mes entretiens avec le président du Conseil national de transition (CNT), M. Abdel Jalil, et avec le Premier ministre, M. Rahim Al-Kib, lors de ma visite le mois dernier, m'ont en partie rassuré. Le nouveau Premier ministre mesure parfaitement les défis à relever. Nous allons continuer à aider le pays. Je vous mentirais si je prétendais que la tâche sera facile. Nous ne sous-estimons pas le problème des armes qui circulent dans l'ensemble du Sahel. La menace terroriste dans cette zone demeure une grave préoccupation. Nous nous efforçons de la contrer avec les pays riverains.

Monsieur Terrot, j'étais au Nigeria il y a un peu plus d'un mois. Le pays m'est apparu à la fois fragile et étonnamment solide. Sa fragilité tient aux différences ethniques et religieuses que l'on connaît entre le Nord et le Sud, ainsi qu'au degré inégal de développement entre les deux zones. Dans le même temps, ce pays dynamique possède une réelle puissance économique et démographique – d'après les prévisions, sa population devrait atteindre 450 millions d'habitants d'ici le tournant du siècle. Nous entretenons de bonnes relations avec le président Goodluck Jonathan et les autorités nigérianes d'une manière générale. Là également, le dialogue et la concorde doivent l'emporter sur l'intolérance religieuse. Ni le Nord ni le Sud n'ont intérêt à la partition, le Nord parce que c'est au Sud que se trouvent les richesses, le Sud parce que la cohésion du pays est un atout majeur pour son développement futur.

Monsieur Myard, le monde change, nous dites-vous. Voilà longtemps que je dis moi-même que nous ne sommes plus le centre du monde ! Pour le reste, cela ne vous étonnera pas, je suis en total désaccord avec le jugement que vous portez sur l'Europe. Si l'euro devait imploser, ce qui n'est, hélas, pas impossible, l'Union européenne n'y résisterait pas. L'existence d'un grand marché ne résoudrait rien. Et les difficultés que rencontre la Commission à faire respecter certaines règles et certains principes, par la Hongrie aujourd'hui par exemple, seraient décuplées. Tout cela ferait le lit des extrémismes et des nationalismes. Un scénario catastrophe serait alors tout à fait possible. C'est pourquoi je me battrai de toutes mes forces pour qu'on fasse exactement le contraire de ce que vous préconisez, et qu'on aille plus loin dans l'intégration européenne.

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