Il est des situations dans le monde où nous avons peu de prise. Il en est heureusement d'autres où nous pouvons encore décider seuls de ce que nous faisons, à condition de ne pas nous bercer d'illusions, comme je crois que vous le faites, hélas, au sujet de l'Afghanistan.
Depuis que la France a décidé l'envoi d'un contingent militaire dans ce pays pour y garantir la sécurité de la population et aider à la mise en place d'un régime doté d'une armée et d'une police fonctionnant de manière à peu près démocratique, un glissement dans les objectifs s'est opéré – auquel le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN n'est d'ailleurs peut-être pas étranger. Nos forces apparaissent de plus en plus aux yeux des Afghans, à tort ou à raison, comme supplétives des forces américaines. Dès lors que cette guerre – c'en est une – ne peut être gagnée, nous le savons, et que les progrès mentionnés sont en large partie illusoires, en tout cas sans lendemain, quand ce ne sont pas de simples incantations, on voit mal comment sortir de cette affaire afghane. Dès lors aussi que les périls se situent sans doute davantage au Pakistan qu'en Afghanistan, à quoi sert de maintenir un jour de plus nos soldats dans ce pays ? Combien de morts faudra-t-il encore déplorer pour qu'on se décide à rappeler nos troupes ? Si nous n'avons plus rien à gagner, elles ont tout à perdre.