La question du genre fait désormais partie du paysage. Or elle est trop souvent simplifiée. Il est donc important d'en connaître les tenants et les aboutissants, mais aussi la complexité, car elle constitue en fait un continuum. J'estime pour ma part que s'il y a du bon dans ces théories, certains de leurs aspects doivent être questionnés. N'attendez cependant pas que je défende un point de vue « contre » les théories du genre. Cela n'aurait pas de sens : il y a dans ces théories des éléments qui font partie de l'évolution historique et du positionnement du monde occidental tel que nous le connaissons aujourd'hui.
En tant que psychanalyste, ma position est également complexe. En effet, il n'y a pas une psychanalyse, mais des psychanalyses. Si certains psychanalystes ont une approche « traditionnelle » des théories du genre, d'autres les adoptent sans réserve, jusque dans leurs éléments les plus contemporains. Il y a des psychanalystes butleriens. Il existe aujourd'hui, même en psychanalyse, toute une filiation qui se réclame plus ou moins de la french theory et de Butler. Bref, il n'y a pas – ou plus – d'homogénéité du monde analytique sur ces questions.