Monsieur le Premier ministre, je cherche un mot pour qualifier le spectacle auquel vous vous livrez : boniment ? illusionnisme ? arnaque ? Les trois, sans doute. (Exclamations sur les bancs des groupes UMP et NC. – Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
Je cherche un autre mot pour qualifier le remède présenté ce matin aux organisations syndicales. Disons « saignée » : c'est une nouvelle saignée pratiquée de sang-froid sur les plus modestes.
Mais quelle pantomime pour en arriver là ! Le Président a d'abord déclamé que tout nouveau plan de rigueur était exclu en 2012. Il a ensuite annoncé la création d'une taxe sur les transactions financières, avec des accents aussi révolutionnaires que ceux de sa promesse de chasse aux paradis fiscaux. Puis, il a jeté en pâture la TVA dite abusivement « sociale », gigantesque racket sur le pouvoir d'achat des citoyens et coup mortel contre notre système solidaire de protection sociale.
Il nous a enfin divertis avec l'affaire du triple A, chronique d'une mort refusée pendant plusieurs mois, tragédie d'un jour, le lendemain comédie d'un incident sans conséquence, pour conclure qu'il fallait trancher dans la législation sur le temps de travail !
Au final, des choix qui aggraveront la détresse de millions de familles, de jeunes, fauchés par la précarité, avec au bout du compte la récession pour le pays tout entier !
Nous voudrions comprendre. Pourquoi ne pas s'attaquer aux dividendes des gros actionnaires et aux salaires indécents, plutôt que de baisser le pouvoir d'achat du plus grand nombre ? (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Pourquoi ne pas faire le choix de la réindustrialisation et de la transition écologique, plutôt que laisser se multiplier les délocalisations avec leurs conséquences sociales et environnementales ? (Mêmes mouvements.)
Plus simplement, pourquoi ce refus obsessionnel d'affronter la finance et ce rejet systématique de la prise en compte de l'humain, de l'humain d'abord ? (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)