À titre strictement personnel, je ne suis pas très favorable à cette proposition. Comment faire comprendre à nos concitoyens que, d'un côté, s'applique aux études médicales un numerus clausus extrêmement sévère – chaque année, des milliers d'étudiants français de bon niveau sont empêchés d'embrasser la carrière médicale – et que, d'un autre côté, perdure cette procédure dérogatoire ? Comment expliquer aux étudiants que des médecins venus de pays non européens vont occuper les places dont eux rêvent, tout en se faisant exploiter par les hôpitaux ? Comment justifier auprès des patients que les soins leur soient dispensés par des médecins de pays lointains, ne parlant parfois qu'imparfaitement le français et aux compétences approximatives ? La situation me semble vraiment choquante.
En 2007 déjà, une initiative législative avait visé à régler ce problème. La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) avait elle-même été saisie du caractère discriminatoire, voire humiliant, du statut des médecins étrangers en France. Ceux-ci sont moins bien payés que leurs homologues français, travaillent davantage et n'ont pas le droit de s'installer. D'où l'idée d'un examen destiné à vérifier leurs compétences et leur capacité à s'intégrer pleinement dans le corps médical français. Et voici qu'on nous propose un texte se limitant à prolonger le régime transitoire parce qu'on n'a pas dégagé de solution satisfaisante ! Le problème reste donc entier et porte sur l'organisation des études médicales en France, que l'on devrait aborder au fond plutôt que de se contenter de mesures provisoires et inefficaces. Il n'est pas acceptable que des étudiants français soient incités à poursuivre leurs études médicales dans d'autres pays, comme la Roumanie ou la Belgique. Bientôt, seuls les enfants de familles riches pourront poursuivre des études de médecine !
Pour toutes ces raisons, ce texte ne me plaît guère.