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Intervention de Arno Klarsfeld

Réunion du 11 janvier 2012 à 10h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la république

Arno Klarsfeld, président du conseil d'administration de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, OFII :

Non. L'Italie, peut-être.

Je m'intéresse depuis longtemps aux Roms et je suis sans doute l'un des seuls dans cette salle à être allé en prison pour avoir manifesté en leur faveur – ce n'est le cas de personne à gauche. C'est un peuple très doué, persécuté tout au long des siècles. Lorsqu'au XIXe siècle chaque minorité a voulu avoir son territoire, les Roms ne possédaient pas l'élite qui le leur aurait permis et ils sont le seul peuple européen qui ne dispose pas d'un territoire propre. Ils ont ainsi été persécutés : durant la Seconde Guerre mondiale, entre 200 000 et 500 000 d'entre eux ont été exterminés par les nazis et 312 déportés de France vers des camps d'internement où certains sont morts et d'autres sont restés jusqu'en 1946.

L'Europe a évidemment envers les Roms une responsabilité, qu'elle s'efforce d'assumer, bloquant notamment 20 milliards d'euros à Bruxelles pour leur insertion en Roumanie, à charge pour ce pays de produire des projets destinés à employer ces fonds. Un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères a été envoyé en Roumanie pour presser le mouvement. Y aurait-il une mauvaise volonté du côté roumain ? Pour le dire clairement, les Roumains, même s'ils ne les persécutent pas, n'aiment pas les Roms et ne les aident guère. La natalité dans cette minorité est plus forte que celle des Roumains, qui ont donc intérêt à les intégrer. J'ai dit à l'ambassadeur de France récemment nommé à Bucarest que c'était une belle mission que de contribuer à trouver les moyens de régler ce problème, ce qui ne peut se faire qu'au niveau européen, avec le soutien de la France, qui a des rapports privilégiés avec la Roumanie.

Les Roms sont un peuple doué, je le répète, mais cela fait mal au coeur de voir que des enfants qui ont tant d'intelligence dans les yeux et tant de vivacité n'ont, vingt ans plus tard, plus de dents et que les femmes de trente ans semblent en avoir cinquante. La responsabilité en incombe en partie aux mafias, mais aussi à l'Europe qui, même si elle leur consacre un budget, n'a pas déployé la forte volonté politique qui convient, et aux Roumains qui n'ont pas fait le nécessaire.

On peut toutefois dire sans être blessant que les Roms aussi doivent se prendre en main et pousser leurs enfants à aller à l'école. Si triste que ce soit, il est difficile, dans l'Europe d'aujourd'hui, de vivre en marge. J'ai beaucoup d'affection pour les Roms, mais il faut poser clairement les problèmes pour pouvoir les résoudre.

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