Il faut rappeler que la création d'un service européen pour l'action extérieure est une idée que la France a largement soutenue dans la mesure où il n'y avait pas d'autre alternative pour surmonter les clivages et rapprocher les politiques. Durant la période de négociations sur la mise en place de cette nouvelle institution, la France a été en permanence aux côtés de Mme Ashton et l'a aidée à faire face aux multiples difficultés qui se dressaient sur son chemin. Aujourd'hui se pose le problème de l'équidistance du service entre la Commission et le Conseil. Des problèmes sont encore irrésolus. Ainsi, que M. Barroso ait placé la Haute représentante au cinquième rang des vice-présidences de la Commission européenne est significatif. De la même façon, il n'est pas neutre qu'il ne lui ait pas attribué un rôle de coordination autonome sur l'action extérieure au sein de la Commission, alors que cela est prévu par le traité de Lisbonne. Notre résolution souligne tous ces points.
Cependant je peux comprendre un scepticisme se nourrissant de la complexité de la construction européenne, une autre formule pour assurer la cohérence entre intérêt communautaire et intérêts nationaux au niveau international est-elle possible? Il est certain que la construction de cette politique souffre de sa complexité sur laquelle se greffent des problèmes d'incarnation médiatique de la nouvelle institution. Nous avons émis certaines critiques. Cependant, le fait que l'on ait abouti, somme toute assez rapidement, à un accord politique au Conseil et que Mme Ashton, malgré une tentation anglo-saxonne, ait su répondre à certaines inquiétudes, a montré qu'elle avait un réel savoir faire. Un accord politique rapide n'était pas écrit d'avance !
Nous devons soutenir cette initiative car nous n'avons pas d'autre issue. Les pays européens ne peuvent pas continuer à parler de manière divergente dans le concert mondial. Ceci étant dit, nous devons être attentifs à la composition de ce service et veiller à ce que soit respecté un équilibre entre la Commission, le Conseil et les Etats. Le discours du Parlement européen consiste à renforcer la présence communautaire et, dans l'esprit de ses rapporteurs, il s'agissait de réserver la moitié des postes à la Commission au sein du service, et non le tiers. Le gouvernement français attachera du prix à ce que la présence française soit visible. Cela passe en particulier par la défense de la langue française comme langue de travail, qui est un point sur lequel il ne faut pas transiger.
Il appartient maintenant à la personnalité de Mme Ashton de s'imposer et d'incarner aux yeux, tant de l'opinion publique que du Parlement européen, cette volonté d'une politique étrangère convergente .
A la suite de la disparition de l'Assemblée consultative de l'UEO, il est nécessaire d'organiser une structure à l'image de la COSAC, dotée d'un secrétariat permanent mais selon une procédure moins lourde.
Le Parlement européen a essayé de prendre la main. En effet, il est normal qu'il ait voulu exercer un droit de regard sur ce nouveau service dans la mesure où il dispose d'un pouvoir budgétaire sur les instruments d'assistance aux pays tiers et sur la PESC, mais pas sur la défense.
En tout état de cause, le scepticisme ne doit pas nous décourager mais nous devons, de manière très vigilante, soutenir ce service.