André Gorz s'est interrogé sur la désynchronisation des temps de la vie et des temps sociaux. Or c'est bien de cela qu'il s'agit dans le projet de loi. Quels sont en effet nos repères communs dans la vie sociale, à l'heure de la fragmentation du temps de travail ?
Quand un couple de salariés, un homme et une femme… (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Lorsqu'un couple de toute nature (Sourires) est soumis à des rythmes de travail anarchiques, que se passe-t-il ? Eh bien, on ne se voit plus et on ne voit plus ses enfants. La désorganisation, la désynchronisation des temps sociaux a pour conséquence la disparition des repères communs, et c'est extrêmement grave pour une société.
Ce que nous voulons rappeler à travers ces amendements, c'est que les dispositions minimales en matière de repos sont issues d'un siècle et demi de luttes sociales. Il ne faut pas oublier que ces conquêtes – que ce soit l'interdiction du travail des enfants à la fin du xixe siècle, la semaine de quarante heures ou les congés payés – ont été arrachées par le mouvement ouvrier, par des syndicats, au prix de grèves et, parfois, de vies humaines.
En matière de temps de travail, il y a des dispositions minimales à respecter, et nous souhaitons que celles-ci soient inscrites dans le marbre de la loi.