Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Christian Eckert

Réunion du 1er juillet 2008 à 21h30
Rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps de travail — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Eckert :

Mais, rassurez-vous, monsieur le ministre, le Nouveau Centre menace souvent, mais vote toujours !

Vous privilégiez les accords d'entreprise, vous niez le rôle de l'inspection du travail, vous bradez les repos compensateurs et, cerise sur le gâteau, vous osez dire, écrire et faire voter une phrase selon laquelle, à défaut d'accord, l'employeur fixe un nombre de jours de travail de façon unilatérale. Belle confiance dans les partenaires sociaux !

Troisième réflexion : vous prenez appui sur le dialogue social pour casser le droit du travail. Vous niez un constat essentiel : celui de l'inégalité, qui vient d'être rappelée, entre le salarié et l'employeur, le premier étant dépendant du second, subordonné à lui pour ce qui le fait vivre – son emploi et le salaire qui nourrit sa famille. Seul paravent à cette inégalité de la relation, à la fragilité du salarié, surtout dans les petites entreprises, l'union et l'organisation des salariés ont permis à nos sociétés d'élaborer un code du travail. Or, c'est cela que vous détruisez en renvoyant le dialogue social à l'échelle la plus basse – celle de l'entreprise avant celle de la branche, voire, selon l'article L. 3122-42, celle du salarié seul face à l'employeur. Interrogez-vous sur le sens que prend le mot « volontaire » pour un salarié qui se trouve face à celui qui peut le placardiser, le muter ou le pousser au départ prétendument volontaire ou « amiable », comme on dit désormais.

Quatrième réflexion : vous parlez du pouvoir d'achat. Parlons-en en effet, car c'est évidemment la grande préoccupation de nos concitoyens ! Votre seule réponse, c'est : « travailler plus ». Jamais vous ne remettez en cause la répartition des richesses. Le pacte non écrit selon lequel un tiers du profit va au capital, un tiers à l'investissement et un tiers aux salariés est fini : le maximum au capital, des miettes aux salariés. Vous oubliez le principe clair et simple qu'il faut payer le travail à son juste prix. Vous vouliez libérer la croissance – tantôt avec les dents, tantôt avec M. Attali, dont, curieusement, plus personne ne parle aujourd'hui. On voit les résultats : l'exonération des droits de succession, le bouclier fiscal ont eu un effet nul sur la croissance ; pas de coup de pouce au SMIC, ni aux retraites. Bref, votre modèle économique est : « travailler plus pour, au mieux, maintenir votre pouvoir d'achat ». Assumez-le, mais sans nous.

Cinquième et dernière réflexion, majeure : quelle société voulez-vous bâtir pour demain ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion