Il a été beaucoup question, ce matin, d'aide multilatérale, mais la FAO n'a pas été évoquée. Or, dans son discours de juin 2008, Jacques Diouf, son directeur général, chiffrait à 842 millions le nombre de personnes qui n'avaient pas un accès adéquat à la nourriture. Selon lui, « La solution structurelle au problème de la sécurité alimentaire, c'est l'accroissement de la productivité et de la production dans les pays à revenus bas et à déficit vivrier. » Il ajoute : « Seule la coopération multilatérale permettrait de mettre en place un développement agricole durable et répondant aux besoins des populations qui en sont aujourd'hui privées. » La FAO a souvent fait l'objet de critiques et il est de bon ton de fustiger les organisations internationales. Mais il s'est dit des choses très intéressantes l'année dernière à la conférence de Rome, qui répondent aux préoccupations de Jacques Diouf. La sécurité alimentaire, qui fait partie des objectifs du Millénaire pour le développement que la France a ratifiés, appelle d'autres questions transversales, par exemple la déforestation et l'avancée du désert qui menace les périmètres agricoles, notamment en Afrique subsaharienne, en particulier au Mali, cher au coeur des Montreuillois. Elle provoque une migration subie des populations vers l'Europe. Les Maliens, les Sénégalais, les Mauritaniens qui sont chez nous, ne viennent pas faire du tourisme ; c'est la misère qui pousse les jeunes hommes à partir de chez eux.
Je ne veux pas revenir sur les chiffres, mais je voudrais savoir, monsieur le secrétaire d'État, dans quelle mesure le Gouvernement participe ou pourrait participer à des projets de développement multilatéraux concertés entre les États et la FAO. Il a été question de la Chine. Personne autour de cette table n'est naïf. Le désintéressement chinois, bien connu, se traduit en prêts à taux zéro qui ne sont jamais remboursés et derrière lesquels se trouvent des positionnements, en particulier sur les matières premières. Mais il y a d'autres formes de coopération, de co-développement multilatéral. Quel intérêt le représentant du Gouvernement leur prête-t-il ? Pour être concret, j'ai favorisé une coopération malino-franco-vietnamienne qui consistait à envoyer les experts – peu nombreux, d'ailleurs – travailler aux champs, avec les paysans, lesquels, en recouvrant l'espérance, contribuaient à la sécurité alimentaire, mais se transformaient aussi en agents de protection de la planète contre le progrès du désert. Or cette dimension n'apparaît pas pour l'instant dans les prises de position. Ce n'est pas seulement une question d'argent – même s'il faut bien trois francs six sous, même en francs CFA –, c'est d'abord une question de vision, de volonté politique.