Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Michel Droin

Réunion du 20 décembre 2011 à 16h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Michel Droin, président de l'Union nationale des entrepreneurs céramistes du bâtiment :

Vous avez raison d'évoquer ces problèmes. Le particulier n'attend pas qu'on lui installe une chaudière de telle capacité ou de telle puissance, mais que sa consommation d'énergie, de gaz ou de fioul, ne dépasse pas un certain niveau. L'entrepreneur n'a plus d'obligation de moyens : il a une obligation de résultat, ce qui est une révolution. Cela dit, comme le montrent de nombreuses enquêtes, les femmes sont très attirées par l'amélioration de l'habitat, les économies d'énergie et la prise en compte de l'environnement.

À ce propos, la FFB a lancé un label les « Pros de la performance énergétique », avec tout un cycle de formations – les formations FEE Bat (formation aux économies d'énergie des entreprises et artisans du bâtiment) – lesquelles obligent les entrepreneurs à travailler entre eux. Lorsque l'on rénove une maison, on ne peut pas installer une pompe à chaleur sans remplacer les fenêtres ni refaire l'isolation. Le professionnel qui propose cette pompe à chaleur devra s'entendre avec d'autres professionnels pour faire une offre commune, qui aboutira à améliorer la performance énergétique de la maison. Chaque métier, pris isolément, n'est rien. Les entrepreneurs sont donc obligés de s'entendre, ce qui est une grande nouveauté.

Comment les chefs d'entreprise, de leur côté, réagissent-ils à la mixité ? Ils considèrent qu'elle apporte une nouvelle dynamique et une nouvelle performance à l'entreprise, dont nous vous avons donné des exemples. Cela les incite à recruter en fonction de la compétence, et non du genre. Ainsi, certains métiers ont construit des tests de méthodes de recrutement par simulation (MRS) avec Pôle Emploi. Il s'agit de mesurer les aptitudes aux gestes professionnels, à travers des tests de similitude des gestes du métier. Ne sont pris en compte ni l'âge, ni le sexe, ni la corpulence, entre autres. Ces tests permettent de procéder à des recrutements sans a priori, ou avec beaucoup moins d'a priori. Ils sont également utilisables pour des reconversions.

Les chefs d'entreprise soulignent la motivation des femmes, qui visent à l'excellence. Lorsque celles-ci arrivent dans des métiers plutôt masculins, elles sont toujours plus motivées et font monter le niveau de l'entreprise.

La mixité – et plus généralement la diversité – est un facteur d'attractivité pour d'autres candidatures féminines ou masculines. Le rendement et la qualité du travail sont identiques – avec un plus pour les finitions. On l'a déjà remarqué, les femmes ont des qualités de communication appréciées par les clients et leur présence contribue à l'amélioration des conditions de travail.

Enfin, la mixité donne une image positive de l'entreprise, et du bâtiment en général. C'est ce qui avait motivé les présidents Christian Baffy et Didier Ridoret. Il faut donc continuer dans cette voie, même si quelques freins subsistent, malgré tout, à l'emploi des femmes dans le bâtiment.

L'installation de blocs sanitaires séparés femmeshommes double le prix des équipements, ce qui est onéreux, surtout pour les très petites entreprises et pour les plus petits chantiers.

Même si le secteur s'est mécanisé, le port de charges lourdes peut constituer un handicap. Il en est de même des conditionnements de certains matériaux et de l'outillage, qui ont encore besoin d'être adaptés. En outre, les vêtements ne sont pas toujours très attractifs pour les femmes.

La maternité, enfin, est un problème récurrent dans toutes les entreprises. Les congés ne sont pas plus longs qu'ailleurs, mais les produits chimiques utilisés dans certains métiers exigent que l'on prenne des précautions. Et dans un secteur d'hommes, il n'y a jamais d'arrêt de travail pour maternité. Lorsque l'on veut embaucher des femmes, le fait qu'elles doivent s'arrêter pendant leur congé de maternité constituent un frein. Pourtant, il faut bien des cotisants pour financer les retraites, notamment celles des chefs d'entreprise qui ont tous plus de cinquante ans !

En conclusion, les mentalités ont évolué positivement dans le bâtiment, bien que ce secteur se soit féminisé un peu plus tard que les autres.

Aujourd'hui, dans l'encadrement et au niveau des ingénieurs, le pourcentage de femmes est relativement élevé. Mais celles-ci ne représentent que 1,6 % des effectifs sur les chantiers. C'est à cet égard qu'il convient de faire des progrès.

Nous travaillons donc avec les écoles, les collèges et les lycées professionnels. Nous essayons également de toucher les fédérations de parents d'élèves. Mais nous devons lutter contre leurs préjugés et contre ceux de l'Éducation nationale. Ce sera assez lent, d'autant que la récession économique ne facilite pas les choses.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion