J'en viens à l'influence des femmes sur les pratiques.
On observe, et c'est indéniable, un meilleur respect des règles d'hygiène et de sécurité. Un chantier n'est pas toujours d'une grande propreté. Lorsqu'il y a des femmes, il faut doubler certains bâtiments et les blocs sanitaires – ce qui peut d'ailleurs constituer un frein – et surtout s'assurer de leur entretien. Les femmes n'hésitent pas, lors des réunions de chantier hebdomadaires, à prendre l'architecte à témoin du non respect de règles d'hygiène (sur les sanitaires notamment) ou de sécurité : tout le monde est d'abord mal à l'aise, puis tout revient dans l'ordre. Les hommes auraient plus de difficulté que les femmes à exiger la même chose de la hiérarchie du chantier.
Des solidarités renaissent sur les chantiers. Cela se vérifie au niveau du partage des tâches et au moment de l'approvisionnement. Quand les hommes sont entre eux, chacun doit se débrouiller, fatigué ou pas. Quand il y a des femmes, chacun est plus attentif, le comportement est plus policé. Les rapports entre les différents corps d'État, plombiers, maçons, plâtriers, etc, sont moins vifs et plus consensuels, malgré des plannings toujours un peu serrés : les femmes adoucissent les angles. Les conditions de travail s'améliorent et l'ambiance change. Les premières femmes qui ont travaillé dans le bâtiment étaient des architectes. Je me souviens que leur arrivée avait radicalement modifié les réunions de chantier, qu'il s'agisse du vocabulaire ou de la façon de se tenir et de parler, entre autres.
Enfin, les femmes ont une attitude plus commerciale. Elles sont très appréciées dans les petites entreprises de finition qui travaillent chez les particuliers. Leur présence est favorable à l'image de marque de l'entreprise. La clientèle est satisfaite, voire rassurée.
Examinons maintenant ce que les femmes apprécient dans le bâtiment.
D'abord, le travail est concret et durable. Les tâches sont variées, que ce soit chez le particulier ou sur les gros chantiers. Il faut savoir faire face aux aléas, et donc faire preuve d'ingéniosité et d'initiative, d'autant que la hiérarchie n'est pas nécessairement présente. Alors que, dans l'industrie, tout est organisé, dans le bâtiment, les ouvriers sont entre eux, ils doivent s'adapter, réfléchir et partager.
Les femmes apprécient les horaires pratiqués dans le bâtiment, qui sont la plupart du temps réguliers et compatibles avec une vie personnelle, ainsi que les salaires et les avantages sociaux.
Dans le bâtiment, on découvre et on apprend en permanence. Il est possible de progresser rapidement, nous l'avons déjà dit. C'est un travail en équipe, qui permet d'évoluer dans une ambiance conviviale et directe.
Il y a des entreprises partout, dans presque toutes les communes. Enfin, les métiers du bâtiment sont reconnus. En revanche, quand on travaille dans une industrie, par exemple chez Valeo, l'équipementier automobile, à Châtellerault, il n'est pas très valorisant de dire que l'on assemble des pièces sur une chaîne.