En croisière, il est obligatoire. En effet, une grande précision est nécessaire : songez que deux avions peuvent se croiser en vol à seulement 300 mètres de distance. Le décollage et la montée se font en pilotage manuel. L'atterrissage également, s'il fait beau ou moyennement beau. Mais s'il y a beaucoup de brouillard, on passe au pilotage automatique. Par exemple, sur A 320, on peut atterrir avec seulement 75 mètres de visibilité : on ne voit qu'une lampe. Mieux vaut donc de ne pas être occupé par le pilotage et pouvoir regarder au dehors pour vérifier que cette lampe est bien celle de la piste, et pas celle du supermarché d'à côté !
Les conditions de travail à Air France sont plutôt bonnes : par an, doivent être effectuées un maximum de 800 heures de vol sur moyen courrier et un maximum de 850 sur long courrier ; par mois, cela correspond à un maximum de 80 heures de vol – des dérogations sont possibles jusqu'à 95 heures, mais on n'y recourt pratiquement jamais – et à un maximum de 19 jours travaillés mais ce maximum n'a guère été atteint qu'en des périodes fastes pour la compagnie. En fait, les contraintes sont très différentes entre le moyen et le long courrier. Dans le premier cas, le pilote travaille chacun de ces 19 jours en faisant une, deux, trois ou quatre étapes ; chaque étape occupe trois jours, dont l'un consacré au repos. Dans le second cas, il peut s'agir d'un aller-retour à New York suivi, quatre jours après, d'un aller-retour à Buenos Aires ; chaque étape dure six jours, dont quatre sur place et le retour pendant la nuit qui suit et une arrivée au sixième jour.
Chaque pilote est affecté à un type d'avion. En ce qui me concerne, je vole sur Boeing 777 et ne fais pratiquement que du long courrier, sauf l'été, de temps en temps, pour des vols vers Bastia ou Nice. Les pilotes d'A 320 font du moyen courrier. Les affectations sont donc bien distinctes, ce qui permet aux femmes d'opter pour le rythme de travail qui leur convient le mieux. Pour moi, je suis ravie d'avoir choisi le long courrier. J'habite à Chamonix : j'en pars donc trois ou quatre fois par mois pour Roissy, vers 23 heures, et je rentre à 6 heures du matin. Je peux donc passer chez moi la totalité de la journée précédente et de la journée suivante ! Si j'étais sur moyen courrier, je serais absente 19 jours – et souvent des veilles et des lendemains de vol.
Sur les bases qui se sont ouvertes à Air France en province – dont celle de Marseille, très récemment –, le rythme est encore différent : douze jours de travail par mois, et la possibilité de rentrer tous les soirs chez soi.
Ainsi chaque pilote d'Air France, femme ou homme, peut choisir, lorsque c'est son tour sur la liste, l'affectation la plus compatible avec son mode de vie.