Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Éric Raoult

Réunion du 22 décembre 2011 à 9h30
Répression de la contestation de l'existence des génocides reconnus par la loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Raoult :

Je ne croyais pas qu'une telle chose pût arriver, et pourtant !

Il y a quelques années, l'école Tebrotzassère du Raincy a fait l'objet d'une agression. Les salles de classes ont été souillées d'inscriptions niant le génocide arménien. D'autres événements de même nature, survenus dans d'autres lieux, montrent que la négation du génocide est bel et bien, au-delà des télégrammes diplomatiques, une réalité endémique. Cette actualité récurrente et les pressions que nous avons connues ces derniers jours prouvent malheureusement que la reconnaissance simple ne suffit pas. À la reconnaissance morale nous devons donc ajouter une réponse pénale.

Le génocide arménien, perpétré à partir de 1915, devait être le premier génocide du xxe siècle. Accusés de participer à un vaste complot, les Arméniens de la Sublime Porte ont été massacrés parce qu'on pensait qu'ils étaient du côté de la France, de la Russie ou de la Grande-Bretagne. Cela a suffi à les faire arrêter, torturer, déporter. Au final, près de 1 200 000 personnes ont péri, soit les deux tiers de la population arménienne de l'Empire ottoman.

Lors du vote de 2001, nous avons reconnu dans cet hémicycle l'existence du génocide arménien. La France donnait ainsi force de loi à la reconnaissance de cette tragédie historique, manière de s'associer à la douleur des victimes et de leurs familles.

À l'époque, nous pensions avoir décidé d'un acte solennel, et que le temps atténuerait les réticences et les oppositions. Notre discussion d'aujourd'hui démontre que ce n'est pas toujours le cas. Même pour des questions aussi douloureuses et pour des faits aussi bien établis, de simples déclarations de principe ne suffisent pas : il faut des prescriptions juridiques.

Il s'agit de sanctionner dans notre pays les velléités négationnistes des plus extrémistes. Il s'agit, au sein de notre communauté nationale et européenne, de reconnaître la douleur de ces frères et soeurs d'origine arménienne. Il s'agit de passer de la reconnaissance morale et politique à la prescription légale et juridique.

Monsieur le ministre, en votant cette proposition de loi, nous allons pouvoir faire respecter la mémoire et la douleur des victimes de ce génocide. Voilà pourquoi le groupe UMP votera, à une large majorité, ce texte. Nous tenons à respecter l'engagement pris par le chef de l'État, Nicolas Sarkozy, le 7 octobre 2011, devant le mémorial d'Erevan.

Personnellement, je resterai fidèle à la mémoire des dames Tebrotzassère. C'est la raison pour laquelle, parmi toutes les lois votées sous cette législature nous te remercions, Valérie, pour celle-là. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion