Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le texte consacré à la protection de l'identité nous revient en deuxième lecture. Avant d'aborder le coeur du sujet, je voudrais souligner combien cette proposition de loi a agi comme un révélateur.
Première révélation, alors que l'on sait bien à quel calvaire peut être conduite une personne dont on a usurpé l'identité, la gauche a prétendu souhaiter la protéger, mais en protégeant du même coup les usurpateurs et, plus généralement, les délinquants.
Le procédé rhétorique est simple. On évite d'abord d'évoquer la souffrance, très concrète, de celui qui ne peut plus utiliser son compte en banque, ne peut pas se marier, se trouve menacé dans ses biens et ses libertés réelles. Ensuite, on se complaît dans la défense ostentatoire des libertés abstraites qui pourraient être virtuellement menacées par un procédé d'identification de l'usurpateur ou par un élargissement du fichier aux recherches criminelles. Derrière la sauvegarde abstraite des libertés publiques, accompagnée de la vibration oratoire nécessaire, on voit surgir la protection très réelle de ceux qui auront usurpé une identité et pourront à nouveau tenter l'expérience puisqu'ils n'auront pas été identifiés, ou encore la protection des primo-délinquants sous prétexte qu'ils auront été forcément, avant leur premier méfait, dans le fichier des honnêtes gens.