Que, sur les vingt-quatre articles que contient ce projet de loi, il n'y en ait qu'un seul, l'article 3, qui soit consacré à l'orientation alors même que c'est un projet relatif d'abord à l'orientation, cela paraît un peu léger.
Pourtant, c'est là que tout commence. Marisol Touraine l'a bien précisé, de nombreux jeunes sont totalement perdus pour leur orientation professionnelle. Quels sont les jeunes qui, à quinze ans, dix-huit ans et même au-delà, savent exactement ce qu'ils vont faire ou veulent faire, quel que soit d'ailleurs leur niveau de diplôme ? Il est donc absolument nécessaire d'avoir une orientation de grande qualité.
Vous en faites un droit, c'est bien. Il est gratuit, heureusement. Ce qui m'inquiète plus, c'est que ce soit un service dématérialisé. Dématérialisé, cela me fait un peu penser à quelque chose de déshumanisé.
Quand on est sur le terrain, et vous l'êtes tous, mes chers collègues, on sait bien que l'orientation se joue dans un tête à tête avec un conseiller qui peut réagir immédiatement à une proposition ou à une contre-proposition. C'est un tel débat qui est intéressant. On ne traitera pas le problème en appuyant sur un bouton et en accédant à Internet, quelle que soit la qualité du service, qui sera de qualité et accessible à toute personne. Pensez-vous qu'au bout de dix minutes, on aura compris quelle est sa voie professionnelle ? Ce n'est pas ainsi que cela se joue, et on le sait très bien ici. Ne nous donnons pas l'illusion qu'on réglera le problème de cette manière.
Le rapport Guégot allait d'ailleurs beaucoup plus loin puisqu'il parlait d'un véritable service public de l'orientation. Cela avait beaucoup plus de sens que ce que vous nous proposez, mais le coût était vraisemblablement beaucoup plus élevé.
Vous labellisez pour donner le sentiment que vous mettez de l'ordre mais vous ne réglerez pas le problème, vous ne remplacerez pas le contact personnel avec les jeunes ou les moins jeunes qui veulent s'orienter ou se réorienter. Il faut du personnel, tout est là. C'est vrai que cela a un coût mais, si l'on veut réussir, il faut se donner les moyens de son ambition.