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Intervention de Sylvie Feucher

Réunion du 15 novembre 2011 à 17h30
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Sylvie Feucher, secrétaire générale du Syndicat des commissaires de la police nationale :

Dans la police nationale, nous en sommes aux balbutiements en matière de gestion des ressources humaines. Nos carrières ne nous permettent pas de faire une pose ou de choisir, pour un temps, un poste moins exposé. Chaque direction gère ses propres ressources humaines. Les commissaires ont un bureau soi-disant transversal, mais qui, en réalité, ne l'est pas. Nous avons beaucoup de mal à gérer les couples composés de deux policiers. Leur mutation – sachant que les commissaires changent de poste tous les quatre ans – n'est possible que dans les régions importantes comme la région parisienne ou la région lyonnaise. Un commissaire qui quitte sa direction pour une autre est perçu comme un traître. Notre administration n'a toujours pas compris l'intérêt d'utiliser les compétences de tous, c'est-à-dire de satisfaire à la pyramide de Maslow… Quel est le bien-être au travail d'un employé – femme ou homme – préoccupé par des soucis de garde d'enfant ?

Je ne jette pas la pierre aux hommes car ils ont été élevés dans cet esprit. Il faut dans notre société redéfinir de façon globale les rapports femmeshommes. Beaucoup d'hommes se retrouvent eux aussi dans des situations difficiles – je pense à ceux qui assure la garde alternée de leurs enfants. N'oublions pas qu'un mariage sur deux se termine par un divorce à Paris et un sur trois sur le reste du territoire. Mes fonctions m'ont amenée à réfléchir à cette situation. Les femmes qui travaillent dans la police côtoient les aspects les plus noirs de la société dont la solitude des enfants à la dérive, que ce soit en banlieue ou en ville. Il est donc normal qu'elles choisissent instinctivement de s'occuper de leurs enfants avant leur carrière.

Nous devons travailler ensemble pour que, demain, les enfants soient élevés avec sérénité et que les adultes aient encore du temps à leur consacrer. Nous avons mis de côté l'éducation de nos enfants. Les femmes qui en ont les moyens peuvent employer des personnes susceptibles de compenser leur absence, mais comment font les mamans de banlieue, qui ont un petit salaire et ne sont pas acculturées, pour élever leurs nombreux enfants ?

Lorsque je travaillais à Versailles, j'ai tenu, pendant un an, à recevoir les parents d'enfants en dérive. J'ai découvert que beaucoup d'enfants étaient livrés à eux-mêmes. Cette solitude explique pourquoi tant d'enfants quittent le droit chemin.

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