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Intervention de Catherine Vidal

Réunion du 8 novembre 2011 à 16h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Catherine Vidal, neurobiologiste, directrice de recherche à l'Institut Pasteur :

Les stimulations jouent en effet un rôle important. Il existe une recette pour ne pas vieillir du cerveau : il suffit d'aimer la vie et de rester ouvert aux autres.

Le déterminisme biologique, qui consiste à penser que les caractéristiques de nos personnalités, de nos comportements, sont programmées dans notre cerveau, est inscrit dans l'histoire de la biologie. Cette idée connaît en effet un nouvel essor et je trouve cela préoccupant. Au XIXe siècle est née la phrénologie, théorie selon laquelle les bosses du crâne reflètent le caractère de l'individu. Pour les phrénologistes un grand front était le signe d'une poussée de la matière cérébrale, et donc un signe d'intelligence, d'ou la fameuse bosse des maths. Il était courant, à l'époque, d'utiliser la biologie pour justifier une hiérarchie sociale entre les femmes et les hommes, entre les blancs et les noirs, entre les classes aisées et les classes défavorisées. Ce n'est pas nouveau.

Nous avons récemment fêté le Centenaire de la découverte des hormones, qui fut une révolution pour les biologistes et les physiologistes. Cette découverte a permis de comprendre que les hormones étaient impliquées dans certaines fonctions et qu'elles étaient produites par différents organes du corps – le foie, le pancréas, l'intestin, l'estomac, mais aussi le cerveau grâce à la glande hypophyse, qui, en libérant des hormones dans le sang, influence l'ensemble du corps. La tendance de l'époque était de tout expliquer par les hormones.

Il y a une cinquantaine d'années, il y a eu l'essor de la génétique moléculaire. On a alors tout expliqué par les gènes : le gène de l'homosexualité, le gène de l'alcoolisme, le gène du bonheur.....

Depuis, la vogue du « tout génétique » est retombée car en décryptant le génome humain, nous nous sommes aperçus que l'humain ne possédait que 20 000 gènes, à peine plus qu'un ver de terre ! On ne peut plus désormais affirmer qu'un comportement humain est déterminé par un gène.

Depuis une vingtaine d'années, le cerveau est à la mode. Nous tombons dans les mêmes travers. Certains vont jusqu'à penser que l'IRM permet de discerner les zones de la délinquance, de l'homosexualité, de la dépendance aux drogues… Les recherches scientifiques doivent toujours être situées dans leur contexte social et leur époque.

La découverte de la plasticité cérébrale est une avancée extraordinaire. Elle est à l'oeuvre en permanence dans notre vie de tous les jours. Nous pensions autrefois qu'elle ne servait qu'à compenser les lésions, après un AVC par exemple, le cerveau formant de nouvelles connexions dans les zones adjacentes aux zones lésées. Mais nous ne savions pas que chaque jour, de nouvelles connexions sont fabriquées, pendant que d'autres se rétractent. Notre cerveau est un organe dynamique, qui évolue en permanence.

Tous les scientifiques n'ont pas pris en compte la notion de plasticité cérébrale. Certains persistent à penser que les différences entre les cerveaux des femmes et des hommes sont programmées à la naissance et immuables. Avec l'avancée des connaissances scientifiques, nous devons en permanence revisiter nos modèles.

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