On aurait mieux fait de le faire à cette époque…
Dès le mois de mai 2006, un vaste programme de rénovations et d'acquisitions des rames a été engagé. Puis la priorité du président du STIF a été d'établir et de mettre en oeuvre le plan de mobilisation pour les transports. Celui-ci, voté à l'unanimité, s'élevait à près de 19 milliards d'euros et était porté par la région et ses huit départements. Il prenait en compte à la fois la rénovation de l'existant et le développement de nouveaux projets tels que le prolongement de la ligne 14 pour désaturer la ligne 13 ainsi qu'Arc Express. Il contenait notamment un volet « urgences », qui visait à traiter les problèmes de régularité, de saturation et d'accessibilité des métros et des RER. Il prévoyait par exemple un peu plus de 1 milliard d'euros pour renouveler le matériel roulant du RER A.
Les collectivités locales s'engageaient à hauteur de 12 milliards d'euros et demandaient à l'État de prendre sa part, comme cela se passe pour n'importe quel autre programme de transports ailleurs qu'en Île-de-France. Ce plan d'urgence a donc été déposé en 2008 sur le bureau de Jean-Louis Borloo, mais le Gouvernement n'a pas jugé utile d'y apporter alors une réponse. Les transports franciliens ne semblaient pas être une priorité et je ne me souviens pas que beaucoup de députés signataires de la présente résolution s'en soient émus à l'époque. Un temps précieux fut donc perdu, qui obligea la région à débuter les programmes sans savoir si elle pourrait ou non compter un jour sur le soutien de l'État.
Au lieu de cela, un ministre du Grand Paris fut nommé dans l'optique affichée d'empiéter sur les prérogatives de la région et en contradiction complète avec l'esprit de la décentralisation. Je ne reviens pas sur les débats relatifs au Grand Paris mais, souvenez-vous, certains députés UMP, tout comme les socialistes ou des députés d'autres appartenances, avaient présenté des amendements, notamment celui visant à prendre en compte le réseau existant.
Il a fallu attendre que la gauche remporte largement les élections régionales en 2010 pour que l'État daigne s'intéresser aux transports franciliens existants, ceux-là mêmes dont il est question aujourd'hui. Or les deux débats publics sur Arc Express et sur le Grand Paris ont démontré à quel point nos concitoyens considéraient la remise en état des transports qu'ils utilisent au quotidien comme une priorité. Cette prise de conscience tardive fut enfin formalisée dans l'accord du 26 janvier 2011 entre l'État et la région sur le Grand Paris Express.
Rappelons qu'entre 2006 et 2009, les collectivités membres du STIF ont permis un développement de l'offre en augmentant de 450 millions d'euros leur contribution, passée de 680 millions d'euros à plus de 1 milliard d'euros. Vous trouverez peu d'exemples d'une aussi grande implication financière des collectivités dans les transports régionaux.
En conclusion, je ne considère pas cette résolution comme une proposition constructive permettant d'améliorer les conditions de transport des usagers, mais davantage comme une provocation à quelques mois des élections. Je le pense sincèrement, et je trouve dommage que vous cherchiez à faire un coup politique concernant les transports, même si nous commençons à en avoir l'habitude. Alors que la mission Carrez sur les financements et l'accord entre la région et l'État avait montré qu'il était parfois possible de dépasser les clivages pour améliorer les conditions des transports des Franciliens, vous en revenez aujourd'hui aux vieilles méthodes de la confrontation frontale chères à Christian Blanc quand il était en fonction. Je doute que vous obteniez aujourd'hui de meilleurs résultats que lui.