Cette question est complexe. Il n'y a pas d'augmentation statistique du nombre des grossesses chez les mineures. En revanche, nous assistons à l'augmentation du nombre des IVG. Cela signifie – en ce sens, c'est un élément positif – que le recours à l'IVG en cas de grossesse non souhaitée est plus fréquent qu'auparavant et que les femmes ont le choix.
Nous avons une responsabilité collective. Nous devons cesser de présenter l'IVG comme une catastrophe. À ce propos, un groupe de jeunes femmes, qui se présentent comme « les filles des 343 salopes », ont créé un blog formidable sous le titre : « IVG : je vais bien, merci ». Certes, un avortement n'est pas anodin, mais il correspond à un choix de vie. Lorsqu'il se passe mal, il est un révélateur de difficultés sous-jacentes. Mais considérer l'IVG comme un acte traumatisant revient à rendre les femmes mineures, car cela sous-entend qu'elles ne sont pas capables d'assumer leur choix. Celles qui l'ont bien vécu se sentent coupables de n'avoir rien ressenti. Nous devons faire très attention aux messages que nous délivrons. Je m'élève aussi contre le discours de certains médecins qui présentent l'avortement comme un parcours traumatique, forcément discriminatoire puisque les garçons en sont préservés.
Les jeunes filles qui se présentent au Planning sont éminemment responsables. Beaucoup viennent chercher des informations ou une prescription de contraception, sans même avoir jamais eu un rapport sexuel. Avant de culpabiliser une jeune femme enceinte qui vient nous voir, nous devons nous interroger sur la nature de la relation qui l'a conduite à cette grossesse. De récents événements me laissent penser que nous ne sommes pas encore prêts pour ce type de comportement.