Il aurait été tellement plus simple de ne rien faire ! Mais nous ne pouvions pas perdre de temps : demandez aux allocataires du RMI et à tous ceux qui ne parviennent pas à retrouver un travail ce qu'ils en pensent !
Et surtout, nous connaissions les limites auxquelles se heurtaient tous les conseils généraux, de droite comme de gauche, qui s'étaient lancés dans l'expérimentation alors même que l'État n'avait pas déboursé un centime pour les aider : plusieurs d'entre vous, sur tous les bancs de cet hémicycle, savent qu'il fallait faire vite, que chaque mois de retard compromettait le projet ainsi que l'ensemble de ses objectifs, notamment ceux qui concernent les travailleurs pauvres.
Vous vous demandez si les expérimentations vont créer de nouvelles inégalités. Mais il faut assumer notre démarche ! On s'est beaucoup interrogé au cours de ces derniers mois : faut-il agir tout de suite ou vérifier d'abord que le système fonctionne ? Mais poser la question, c'est déjà répondre aux effets pervers que vous redoutez ! Brûler les étapes, c'est précisément s'exposer à de tels effets sans pouvoir y remédier.
Premier effet pervers possible, sans doute le pire : malgré les bonnes intentions, le dispositif accroît la précarité et le travail à temps partiel. Eh bien c'est justement pour vérifier qu'il permet de créer de vrais emplois que nous le mettons en oeuvre progressivement. Second effet pervers envisageable, que nous n'avons que trop connu : un texte à vocation sociale que l'on juge par son coût au lieu de percevoir les bénéfices que peuvent en tirer les personnes concernées.