Monsieur Myard, depuis l'année dernière, une loi permet à l'État de réclamer le remboursement des frais de secours lorsqu'un Français a pris des risques inconsidérés. Cet outil a au moins eu un impact en termes pédagogiques : le message de la responsabilité est passé. On pourrait également imaginer que la personne soit tenue d'effectuer quinze jours de travail d'intérêt général.
Monsieur Boucheron, vos propos rejoignent une réflexion que nous menons afin d'établir une meilleure gradation des risques. Cela étant, il faut faire une différence entre notre analyse et le discours public. Avec, chaque année, plus de six millions de consultations du site Conseils aux voyageurs, nous sommes tenus en effet d'avoir un langage simple.
Sur les cartes Conseils aux voyageurs, nous avons supprimé la couleur verte qui pouvait laisser croire que tout allait bien. L'absence de rouge ou d'orange ne dispense pas de lire très attentivement les conseils qui sont donnés. L'analyse des risques est établie dans le détail pour chaque pays. Il peut s'agir parfois de risques routiers – mauvais entretien des routes, absence d'éclairage…Voilà pour la version publique. En interne, nous menons un raisonnement plus « mathématique » et qui vise à établir une échelle plus fine. À ce stade, nous n'envisageons pas de communiquer au grand public le résultat de ces travaux. Nous craignons en effet qu'il ne suscite des confusions.
Monsieur Labaune, vous avez raison : c'est dans les États en crise, en déliquescence qu'on trouve les risques sécuritaires les plus grands. La France s'efforce d'aider ces États par son action aux Nations unies, par le biais des aides bilatérales ou multilatérales structurées. Au Sahel, nous travaillons ainsi sur le renforcement des capacités sécuritaires des États de la région. Notre approche est sécuritaire en ce sens que notre objectif est la sécurité des Français. Aucun autre élément n'est pris en considération lorsque nous modifions une fiche Conseils aux voyageurs. Cela étant, nous savons que cette action aura une incidence dans le domaine politique. À l'inverse, notre action sécuritaire ne peut être consolidée que par des mesures plus générales, par exemple politiques ou économiques de soutien aux États en difficulté.