Oui, mais vous vous trompez : nous n'avons nullement l'intention d'envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan. Quelle que soit la continuité de la politique entre la présidence de M. Bush et celle de M. Obama, notre propre souci de continuité nous a conduits à renforcer nos troupes afin de continuer à garantir notre efficacité sur le terrain, mais je peux vous garantir qu'il n'est absolument pas question d'aller plus loin pour le moment. Je vous le dis en toute sincérité : vous vous trompez si vous pensez le contraire.
M. Cazeneuve a également évoqué les accords de défense. Certes, ces accords existent et, en effet, il arrive que nous soyons amenés à les mettre en application, comme cela a été le cas au Tchad. Cela étant, je précise que les accords de défense vont tous être remis en question, ainsi que le maintien de nos bases en Afrique. Pour cela, des discussions seront engagées avec les gouvernements concernés et, comme l'a dit le Président de la République, le statut de chacun de ces accords et de ces bases peut se trouver soumis à des modifications.
En ce qui concerne la RCA, je veux dire à M. Lecoq que le déploiement de l'EUFOR a pour but de protéger les populations, ce en quoi il a réussi. En l'absence de cette force réunissant dix-sept nations européennes, la protection des personnes déplacées n'aurait pu être assurée. Quand, au mois de mars, l'EUFOR quittera la région pour céder la place à la MINURCAT II, pratiquement la moitié des personnes déplacées seront de retour chez elles. Cette opération européenne ayant mobilisé 10 000 soldats constitue un très bel exemple de progrès vers l'Europe de la défense, et un beau succès.
Pour ce qui est de la Françafrique, tous les acteurs changent, en Afrique comme en Europe. Dommage que M. Lecoq, lui, ne change pas d'opinion et s'obstine à regarder les choses à travers le filtre du passé ! M. Myard a raison de souligner que ce serait faire preuve de naïveté que de ne pas prendre conscience des changements qui sont intervenus dans notre relation avec l'Afrique. Toutefois, ceux qui seraient tentés d'établir un lien de cause à effet entre ces changements et ceux récemment intervenus au sein du gouvernement français feraient fausse route.
Je suis d'accord avec M. Folliot pour considérer que le critère budgétaire et financier ne saurait être le seul à prendre en considération pour prendre position sur nos opérations extérieures. Ce critère ne doit cependant pas être écarté, bien au contraire. En dépit des efforts et des progrès accomplis dans ce domaine, il reste difficile de prévoir avec exactitude la quantité d'hommes et de matériels nous allons devoir mettre à disposition, par exemple, des Nations unies dans le cadre d'un mandat – ce que nous sommes toujours fiers de faire –, ainsi que le degré d'implication politique qui sera attendu de la part de notre pays. Il y a deux types d'opérations, celles accomplies par une force de l'ONU et celles accomplies dans le cadre d'un mandat de l'ONU. Toutes les opérations dont nous avons parlé sont sous mandat de l'ONU, à l'exception de l'opération Épervier.
Pour répondre à M. le président Poniatowski et à M. Candelier, il n'existe actuellement aucun accord pour la mise à disposition d'une force internationale auprès des habitants de Gaza, de l'Égypte et d'Israël. Personne ne le souhaite : les Égyptiens ne veulent pas d'une force étrangère sur leur territoire, les Israéliens non plus. Nous avons proposé à maintes reprises – depuis juillet 2007, à Portorož, en Slovénie – de réfléchir à la question. Nous avons fait savoir que nous étions disposés à répondre à un éventuel appel de l'ONU, mais en l'absence d'une demande que nous ne pouvons, hélas, pas forcer, il est pour le moment impossible de faire intervenir une force efficace entre les Israéliens, les Égyptiens et les Palestiniens de Gaza.
Monsieur Poniatowski, vous avez évoqué tout à fait légitimement un contexte juridique précis, et je dois dire que l'idée d'un triangle institutionnel associant l'Organisation des Nations unies, l'OTAN et l'Union européenne, me plaît beaucoup. Les opérations du Kosovo et de l'Afghanistan répondent d'ailleurs exactement à cette définition, ce dont nous pouvons être fiers. Afin de n'offenser personne, je m'abstiendrai de désigner un point précis du globe et une force étrangère à l'oeuvre dans la région concernée, mais force est de constater que lorsque l'Union européenne n'intervient pas, son absence se fait cruellement sentir !
Vous vous doutez bien, monsieur Poniatowski, que je ne contredirai pas l'idée selon laquelle la France a une responsabilité humanitaire à assumer. Il est tout à fait légitime que cette responsabilité, que bien peu d'autres pays peuvent assumer, soit régulièrement invoquée. Comme l'a dit Mme Hostalier, notre intervention au Tchad a permis d'épargner les populations – et il en sera ainsi jusqu'à ce que nous cédions la place à la MINURCAT II, le 15 mars prochain.
Vous avez abordé le problème de l'OTAN. Comme l'a clairement affirmé le Président de la République, toute décision se prendra de manière à préserver pleinement notre souveraineté, notre liberté d'appréciation et de décision. Comme vous le savez, l'unanimité est requise pour les décisions prises au sein de l'OTAN, et chaque pays peut décider de participer ou non à une mission. Ce n'est pas en renforçant notre politique de défense européenne que nous serons en mauvaise position par rapport à l'OTAN, au contraire : l'idée est d'européaniser l'OTAN, qui compte déjà en son sein 21 États membres de l'Union européenne, et non pas d'affaiblir notre influence. Nous n'avons peut-être pas encore obtenu tout ce que nous voulions s'agissant de la capacité de planification et de conduite de l'Union européenne, mais nous allons continuer. Il faudrait, en plus du SHAPE de Bruxelles, un centre de planification et de direction de la force européenne, et j'espère que nous l'obtiendrons au plus vite.
Monsieur Teissier, vous estimez qu'une réduction d'effectifs de la FINUL serait nécessaire. En réalité, il convient de tenir compte du contexte.