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Intervention de Jacques Myard

Réunion du 28 janvier 2009 à 15h00
Autorisation de prolongation de cinq interventions des forces armées à l'étranger — Débat et votes sur une déclaration du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, depuis plus de cinquante ans, la France continue de porter une attention particulière et soutenue au continent africain, légitimement consciente qu'il ne suffit pas de devenir indépendant pour trouver la voie sereine du développement, de la paix civile et de la sécurité extérieure.

À juste titre, elle s'est donc engagée avec la plupart de ses anciennes colonies, soit en application d'accords de défense, soit en vertu d'accords de coopération. Près d'un demi-siècle après les déclarations d'indépendance, cet engagement perdure. Ceux qui voudraient que l'on tourne la page font fi de la réalité du monde avec une rare inconscience ; comme les orateurs du groupe socialiste qui s'exprimaient tout à l'heure, ils font également oeuvre de reniement. Je parle d'inconscience car notre engagement va bien au-delà de la défense légitime de nos intérêts et de nos concitoyens expatriés. Il s'agit en effet pour ces pays d'un gage de stabilité.

La République Centrafricaine a connu nombre de vicissitudes. Depuis 1960, la France est liée à ce pays par un accord de défense, et depuis 2003, elle participe au soutien de la mission de consolidation de la paix de la Communauté économique des États d'Afrique centrale, la MICOPAX. Au sein de l'opération Boali, deux cent trente Français sont ainsi à l'oeuvre pour aider les forces armées centrafricaines à sécuriser le pays, pour un coût de 18 millions d'euros.

L'histoire tourmentée du Tchad est également trop longue pour être résumée en quelques mots. Mais une chose est certaine : la France n'a eu de cesse de sécuriser l'intégrité territoriale du Tchad, malgré les difficultés rencontrées parfois, dans le passé, avec des dirigeants tchadiens tortueux, comme Hissène Habré. Depuis 1986, la France a mis en place, à la demande des autorités tchadiennes, l'opération Épervier, à laquelle participent 1 140 hommes, pour un coût d'environ 104 millions d'euros.

En complément de ces opérations bilatérales, la France participe à l'opération EUFOR, au Tchad et en RCA, et en est le premier contributeur. Notre pays a pris l'initiative de cette opération en janvier 2008 pour éviter l'extension de la crise humanitaire du Darfour. Elle s'achèvera le 15 mars 2009 et, conformément à la résolution du Conseil de sécurité du 14 janvier 2009, les forces engagées sur le terrain seront relevées par celles des Nations unies.

Messieurs les ministres, j'approuve sans réserve ces opérations, qui répondent à la nécessité de défendre nos intérêts dans ces pays où notre influence demeure grande, d'autant que nos compatriotes concourent directement au développement de ces États. Ces opérations favorisent surtout directement la stabilité de ces pays dont l'appareil d'État est en crise permanente. Je souhaite donc rendre un hommage particulier à nos forces sur place.

Dans un monde où les ruptures en tout genre se multiplient, l'utilisation des forces armées, qui sont, par nature, disciplinées et structurées, se révèle nécessaire pour stabiliser des États fragiles. Ceux qui voient du néocolonialisme dans cette réalité ne sont, en fait, que des soixante-huitards attardés.

Pour paraphraser Churchill, l'Afrique est malheureusement devenu le « ventre mou » de l'Europe et de la France, qui subiraient directement les conséquences d'une déstabilisation de ce continent. En effet, comment maîtriser les flux migratoires si les pays d'émigration connaissent des troubles incessants ?

Certains accusent parfois la France de prêter main-forte à des dictateurs : il est facile de se donner bonne conscience dans les salons parisiens et de vouloir dispenser des leçons de démocratie au monde entier, comme le fit le président George W. Bush. Toutefois, qui peut nier que la reconstruction d'un appareil d'État passe d'abord par la mise sur pied de forces nationales de sécurité ? À ce sujet, monsieur le ministre des affaires étrangères, je regrette que, cette année, nous ayons diminué nos crédits de coopération militaire d'environ 7 millions d'euros. Ils concouraient précisément, de façon directe, à la mise en place nécessaire de forces de sécurité et d'appareils d'État dignes de ce nom.

Pour ses opérations extérieures, la France doit évidemment respecter le droit international, et elle le fait ! Il existe trois chefs de compétence pouvant justifier une intervention extérieure. Tout d'abord, elles sont autorisées au nom du maintien de la paix, dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité, prises en vertu du chapitre VI ou du chapitre VII de la Charte des Nations unies – elles le sont également au nom de l'article 51, relatif au droit de légitime défense. Ensuite, elles peuvent avoir lieu à la demande du gouvernement légitime du pays concerné, qu'il y ait accord de défense ou pas, car la possibilité pour un État d'en appeler un autre à la rescousse relève de ses droits souverains.

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