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Intervention de François de Rugy

Réunion du 28 janvier 2009 à 15h00
Autorisation de prolongation de cinq interventions des forces armées à l'étranger — Débat et votes sur une déclaration du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, si une des modifications de la réforme constitutionnelle de juillet 2008 mérite d'être saluée, c'est bien celle qui prévoit une information, puis un vote du Parlement sur l'engagement de forces armées françaises à l'étranger. Nous réclamions cette mesure depuis longtemps. Nous souhaitons d'ailleurs qu'à l'avenir, les gouvernements n'attendent pas le délai maximum de quatre mois pour soumettre au vote du Parlement l'engagement ou la poursuite de l'engagement de nos soldats. S'il est compréhensible qu'un vote ne soit pas toujours possible a priori, un délai de quatre mois ne se justifie jamais.

Je salue le fait que le Premier ministre ait pris la peine de présenter la vision du Gouvernement sur les cinq opérations sur lesquelles nous avons aujourd'hui à nous prononcer. Nous ne serons pas toujours d'accord sur leur bien-fondé, mais nous pouvons reconnaître que l'intervention du Premier ministre dans notre débat est une de ces marques de respect pour le Parlement auxquelles nous n'étions plus habitués depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République.

Toutefois, pour que la discussion se déroule de manière normale, il aurait fallu que le Gouvernement fournisse aux députés un document qui les éclaire sur la réalité des engagements français et sur les objectifs poursuivis. Je regrette que le président de la commission de la défense ait jugé suffisant de nous transmettre un document presque en cours de discussion.

Après mes collègues, je salue à mon tour nos soldats engagés sur des théâtres d'opérations extérieures, où qu'ils soient. Ils payent parfois de leur vie, souvent de leurs blessures, leur engagement dans l'armée française. Je le dis d'autant plus haut qu'ils appliquent une politique que nous n'approuvons pas toujours. Bien sûr, s'il y a des exactions, elles doivent toujours être fermement condamnées, mais elles restent exceptionnelles. Nos soldats exercent généralement leur mission dans des conditions très difficiles. Les embuscades quasi quotidiennes auxquelles ils font face en Afghanistan sont là pour nous le rappeler.

Lors d'un débat précédent, nous nous étions prononcés contre l'augmentation du contingent français en Afghanistan, car nous n'approuvions pas la stratégie politique qui sous-tendait cet engagement, celle du président américain d'alors, George W. Bush, et nous avions regretté que la France, par la voix de Nicolas Sarkozy, se mette en quelque sorte à sa remorque. Nous espérons d'ailleurs que l'élection de Barack Obama à la présidence américaine changera la donne, puisque celui -ci a fait de l'Afghanistan une de ses priorités en matière de politique étrangère.

Le refus des Verts d'un engagement supplémentaire de la France en Afghanistan ne signifiait nullement qu'ils refusent toute intervention de l'armée française à l'extérieur. Dans la mesure où il s'agit toujours d'une décision grave, nous pensons qu'elle doit être mûrement réfléchie, au regard d'objectifs politiques clairs et précis.

Nous ne croyons pas du tout à la doctrine de la guerre préventive développée par l'ancienne administration de George Bush. Nous la condamnons même fermement. Nous ne croyons pas plus qu'une armée étrangère ou une coalition d'armées étrangères puisse imposer un ordre politique nouveau dans un pays. C'est pourquoi nous avions combattu ce qu'il est convenu d'appeler la deuxième guerre du Golfe : la guerre américano-anglaise en Irak. Toutes ces années ont malheureusement montré que nos craintes étaient fondées. On ne peut que se féliciter – disons-le clairement – qu'à l'époque, le Président Jacques Chirac ait tenu bon, y compris contre certains milieux politiques français pour lesquels, on le sait, Nicolas Sarkozy avait plus que de la sympathie.

Nous pensons aussi que la France ne doit pas se laisser aller à réagir avec de vieux réflexes issus de la période de colonisation. On avait pu croire, lors de la campagne présidentielle française de 2007 et lors de certaines interventions du début du quinquennat, qu'en ce domaine la rupture chère à Nicolas Sarkozy serait à l'oeuvre.

Nos espoirs ont été vite déçus. Le plus éclatant symbole du retour aux vieux réflexes de la « Françafrique » a été le prompt limogeage de Jean-Marie Bockel du ministère de la coopération. Ses déclarations, jugées fracassantes par certains, sur le fait qu'il fallait signer l'acte de décès de la « Françafrique » ne lui ont pas permis de tenir longtemps à ce poste.

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