Certains collègues de la majorité n'ont pas eu de mots assez durs pour dénigrer et dévaloriser ce texte contre la précarité des femmes : « naïveté et exagérations », « bons sentiments », « bonnes intentions », ont-ils lancé. Ils ont remis en question la notion même de pénibilité des métiers de service à la personne, des métiers du commerce et du secteur du nettoyage. Quelle vision archaïque et machiste de la pénibilité !
Manutention de patients, travail morcelé, postures contraignantes, exposition à certains produits de nettoyage chimiques nocifs, horaires entrant en conflit avec les obligations familiales, charge mentale et émotionnelle lourde du fait d'un contact direct avec la souffrance et la mort : de telles réalités sont partagées par des milliers et des milliers de femmes et d'hommes salariés dans ces secteurs. Les métiers dits féminins sont autant marqués par la pénibilité physique ou mentale que ceux des hommes. Ils exposent même davantage aux risques musculo-squelettiques et psychosociaux. Cette proposition de loi est l'occasion de le souligner à nouveau, puisque c'est encore aujourd'hui nécessaire. Il faut toutefois reconnaître à nos collègues leur constance dans la volonté de ne pas voir les choses telles quelles sont.
Ajoutons que leurs critiques acerbes et infondées, que nous entendrons sans doute encore aujourd'hui, interviennent après qu'ils ont pris maintes fois le soin de rappeler leur attachement viscéral à l'égalité entre les femmes et les hommes. Le contraire contreviendrait bien sûr au politiquement correct…
La cohérence voudrait que cet engagement affiché de nos collègues de la majorité s'accompagne du soutien à une proposition de loi qui vise la déprécarisation des secteurs concentrant aujourd'hui la majorité des femmes salariées.