Je suis convaincu de la nécessité de responsabiliser à la fois les assurés et les professionnels de santé. J'ai d'ailleurs eu l'occasion de diffuser aux assurés des lettres d'information sur les arrêts de travail ou sur la surconsommation de médicaments. Voilà une quinzaine d'années, j'avais même envoyé à toutes les personnes qui avaient eu plus de trois arrêts de travail de huit jours une lettre leur annonçant un contrôle lors de leur prochain arrêt : les deux tiers d'entre elles n'ont plus été plus malades !
Il est vrai que la participation au dépistage du cancer du sein plafonne à 65 %. Nous avons réalisé des campagnes téléphoniques, d'envois postaux, d'affichage mais une frange de la population demeure très difficile à atteindre pour différentes raisons. En Allemagne, les soins dentaires ne sont remboursés totalement qu'à ceux qui ont passé des examens de prévention avant leur vingt-et-unième anniversaire, seuil à partir duquel la santé dentaire est à peu près assurée. Ce type d'incitation pourrait faire l'objet d'une réflexion – même si l'on peut difficilement envisager de ne pas rembourser une patiente atteinte d'un cancer du sein.
Par ailleurs, si nous parvenons à augmenter le taux de la prévention, nous nous heurtons ensuite, comme dans le cadre du programme Sophia, au secret médical. Nous ne sommes pas censés savoir que tel patient est diabétique ; dans ces conditions, que peut faire un directeur de caisse primaire pour atteindre le taux requis par les indicateurs ? C'est à ce genre de difficultés que nous sommes confrontés lorsque nous voulons améliorer l'efficacité des campagnes de dépistage ou d'information.