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Intervention de Philippe Gosselin

Réunion du 21 juin 2011 à 15h00
Bioéthique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin :

Après ces dizaines et ces dizaines d'heures de débat passionnantes pendant lesquelles la tension a parfois été perceptible, je voudrais revenir sur quelques réflexions entendues ici ou là, et encore cet après-midi.

Non, monsieur Le Déaut, monsieur Vaxès, il n'y a pas ici de postures partisanes, ni un clan contre un autre. En revanche, nous pouvons avoir, et c'est bien légitime, des visions différentes de la famille, de la société et des conséquences qui en découlent. Nous parlons d'un sujet éminemment sensible, intime, où l'expérience et les convictions personnelles comptent aussi ; et elles sont diverses, à l'image des bancs de notre assemblée et de l'expérience de chacun.

Il y eut parfois des dérapages, des propos péremptoires. Pourquoi ne pas reconnaître que, sur la bioéthique, le doute est possible, permis ? Pourquoi refuser le dialogue singulier avec soi-même ? Dans ces domaines si particuliers, la prudence est une vertu, et il me semble nécessaire de légiférer la main tremblante, comme d'autres l'avaient fait avant nous. Qui serions-nous pour être aussi sûrs de détenir la vérité ? Je doute encore sur certains sujets, comme certains de mes collègues, un grand nombre d'entre eux peut-être.

Ce texte ne fera pas l'unanimité, c'est vrai. Il n'est pas toujours équilibré sur tous les points, il ne balaie pas tous les sujets possibles et imaginables. Il revient sur plusieurs points de la version initiale, d'autres ont été mis de côté. Nous pouvons nous réjouir en tout cas qu'il y ait eu de sérieuses avancées sur le don, le don d'organes, le don de sang. Nous donnons ainsi l'assurance que le don d'organes pourra se développer en France. Nous avons pris en compte les difficultés de ceux qui restent inscrits trop longtemps sur une liste d'attente. J'attends avec impatience les mesures que devrait nous proposer Xavier Bertrand d'ici à quelques jours, puisqu'il avait promis de les annoncer à la fin du mois de juin.

L'article 23, l'autorisation ou non de la recherche sur l'embryon, aura sans doute été le sujet le plus controversé. C'est lui qui anime encore nos échanges en cette fin d'après-midi.

Pour ma part, je reste attaché au principe de l'interdiction de la recherche, parce que les cellules souches embryonnaires ne sont pas des cellules comme les autres, parce que des recherches alternatives peuvent et doivent être développées.

L'on a évoqué l'éthique de conviction, à laquelle je suis attaché, mais il y a aussi l'éthique de responsabilité, et il faut passer au vote. Après avoir refusé le premier projet, parce qu'il pouvait être amélioré, je crois qu'il faut être responsable et avancer. Je voterai ce texte, sans avoir subi de pression de mon groupe, sans me sentir l'otage d'un clan et en ayant comme d'autres gardé en toutes occasions ma liberté de parole.

Plusieurs sujets seront sans doute à nouveau évoqués rapidement. Tout dépendra des alternances. Nous avons bien compris le souhait de certains, mais tout ne se réalise pas nécessairement aussi rapidement qu'on le souhaiterait. La gestation pour autrui fera partie de ces sujets, nous y reviendrons peut-être. Il y aura d'autres rendez-vous. Le fait assez amusant, si j'ose dire, c'est qu'au détour d'une CMP, nous avons réintroduit le septennat dans nos institutions avec cette clause de revoyure – sans doute faut-il y voir un clin d'oeil au débat permanent.

Comme d'autres, je doute, je pense, donc je suis. Je doute, je pense, et je voterai ce texte. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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