Nous considérons en effet que la location du corps de la femme constitue une véritable régression, une violation de l'indisponibilité du corps et de la dignité de la personne humaine. On n'a pas forcément raison quand on est dans la majorité, mais on n'a pas forcément raison quand on est seul. Galilée avait raison tout seul, Darwin avait raison tout seul, contre la morale établie. Nous ne sommes plus à l'époque où celui qui est seul, incompris, est obligatoirement un génie, quand les autres sont des peureux, où celui qui transgresse est le courageux, quand les autres sont des couards qui ont peur de leur ombre ou de leurs électeurs.
On l'a dit, ce n'est pas ici la victoire du bien sur le mal : ce n'est pas non plus la lutte des courageux contre ceux qui s'abaissent devant l'opinion publique. L'opinion publique était pour la peine de mort, mais celle-ci fut abolie ; d'après les sondages, l'opinion publique est favorable à la gestation pour autrui. Peut-être le courage politique est-il de ne pas suivre l'air du temps, de ne pas être la feuille qui s'envole et tournoie dans le vent. Il ne s'agit pas de dire : regardons la société telle qu'elle est et adaptons-nous. Il vaut mieux regarder la société telle que nous la souhaitons, telle que nous la voulons, se fonder sur les principes républicains qui nous unissent et sur l'idée que nous nous faisons de l'homme : elle ne peut être asservie ni à la morale établie ni à l'air du temps.
Tout en vous remerciant donc, monsieur Mamère, je propose le rejet de votre motion. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)