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Intervention de Alain Vidalies

Réunion du 21 juin 2011 à 15h00
Projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2011 — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Vidalies :

Monsieur le président, la question du pouvoir d'achat est aujourd'hui au premier rang des attentes de nos concitoyens pour qui les fins de mois sont de plus en plus difficiles. L'augmentation des dépenses contraintes telles l'essence, le gaz, les assurances, les mutuelles, l'électricité, comprime leur pouvoir d'achat alors que les salaires n'augmentent que faiblement.

Le Gouvernement assume ce choix politique d'un retour espéré à la croissance fondé uniquement sur la relance de l'investissement en rejetant toute proposition d'une croissance renforcée par le moteur de la consommation.

Nous contestons ce choix pour des raisons économiques et politiques. Sur le plan économique, votre stratégie est vouée à l'échec, ou à une croissance molle, dès lors que, faute d'une augmentation de la consommation, vous avez délibérément choisi de ne faire marcher la France que sur une seule jambe. Sur le plan politique, votre choix est celui d'une politique de droite qui s'oppose à toute idée d'un meilleur partage de la richesse et qui s'illustre à nouveau par votre réforme de l'ISF au bénéfice des plus favorisés.

Face à l'expression d'un mécontentement de plus en plus vif, vous avez une nouvelle fois inventé le coup de la prime. En réalité, votre objectif, peut-être d'ailleurs atteint, est d'occuper l'espace médiatique avec une prétendue réponse à la question du pouvoir d'achat.

Au départ, vous avez annoncé aux Français que huit millions de salariés bénéficieraient d'une prime de mille euros obligatoire.

À l'arrivée, la prime est réservée aux salariés des entreprises dont le dividende a augmenté deux années consécutives, c'est-à-dire entre un et demi et deux millions de salariés.

À l'arrivée, la prime n'est plus obligatoire car les entreprises concernées n'auront pour seule obligation que d'ouvrir une négociation, sans obligation de résultat. Si les négociations échouent, il ne se passera rien.

À l'arrivée, la prime n'est plus de 1 000 euros mais commence à un euro, sans autre obligation pour les entreprises.

À l'arrivée, cette prime est au surplus exonérée de cotisations sociales, créant ainsi une nouvelle niche sociale parfaitement incohérente avec l'état de nos finances publiques et les objectifs annoncés dans la loi initiale de financement de la sécurité sociale.

En résumé, la prime se dégonfle ou, pour reprendre une expression connue, elle fait « pschitt » !

Nous sommes évidemment très éloignés des engagements du Président de la République pour qui, dans son discours de candidat à Périgueux le 12 octobre 2006, le maintien des exonérations de charges pour les entreprises devrait dorénavant être « conditionné à la hausse des salaires et à la revalorisation des grilles de rémunération fixées par les conventions collectives ».

Et il y a quelques semaines, le 19 avril 2011, Nicolas Sarkozy, revenant dans les Ardennes où, le 18 décembre 2006, il avait prononcé son fameux discours à la France qui se lève tôt, a déclaré : « J'affirme qu'il est normal que les salariés à qui on demande des efforts pendant la crise bénéficient de la reprise. Qui peut comprendre qu'on distribue plus de 80 milliards d'euros aux actionnaires et que, dans le même temps, on explique aux salariés qu'il n'y a pas de quoi augmenter les salaires ? »

En matière de pouvoir d'achat et d'augmentation des salaires, pour reprendre une expression récente du Premier ministre, vous êtes des croyants non pratiquants. (« Bla bla ! » sur les bancs du groupe UMP.)

Cette distance, pour ne pas dire cette rupture, entre les discours et les actes pose une sérieuse question de crédibilité de la parole politique.

Le projet du parti socialiste, au contraire, présente des orientations et des mesures concrètes qui répondent à cette question. Nous nous engageons sur une revalorisation du SMIC, sur l'organisation annuelle d'une conférence salariale tripartite, sur une modulation des cotisations sociales en fonction des résultats des négociations annuelles sur les salaires. (« Bla bla ! » sur les bancs du groupe UMP.)

C'est une autre politique, une autre vision de la France. Dans quelques mois, les Français choisiront. En attendant, nous voterons contre ce texte qui n'est que d'affichage. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe GDR.)

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