Madame Karamanli, je crois comprendre que vous mettez en cause la cohérence de la politique, mise en place en France et dans d'autres pays, qui consiste à procéder à une consolidation budgétaire, qui pourrait faire prendre un risque à la croissance dans ces pays.
Le gouvernement espagnol a mis en place ces mesures et a conclu un accord politique avec son opposition pour faire accepter un certain nombre de principes – règle d'or ou autres. C'est difficile et exigeant. Peut-on faire différemment dans des pays comme l'Espagne, où on enregistre un taux de chômage de plus de 20 % ? Peut-on faire différemment dans un pays, que vous connaissez mieux que personne, madame, la Grèce, où le niveau de dettes atteint les 200 % et la perte de souveraineté sur le plan financier justifie malheureusement les efforts demandés aux Grecs ? Pouvait-on faire différemment en Irlande, où il a fallu mettre en oeuvre un dispositif pour sauver les établissements bancaires ? Le Portugal avait-il d'autres choix que de baisser le salaire des fonctionnaires et les pensions des retraités ? Je ne sais pas. Ils ont fait cela souverainement.
La France n'a pris aucune de ces mesures, car nous ne sommes pas dans la même situation. Mais notre objectif commun est de réduire notre endettement. Un monde nouveau s'écrit sous nos yeux : l'époque où l'on finançait les politiques publiques par emprunt, à crédit, sur le dos des générations suivantes est révolue. Cela suppose quelques années d'efforts mesurés, équitables, portés, pour une large part, par celles et ceux qui ont le plus de moyens. Ces quelques années d'effort n'altéreront pas, je le répète, en profondeur, notre modèle social et protègent une croissance convalescente.
La consommation est le moteur économique de notre pays. Pour la protéger, il ne faut pas atteindre le pouvoir d'achat. Les mesures qui vous seront proposées – nous en débattrons –, s'inscrivent dans cette stratégie. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)