Permettez-moi de remercier, à mon tour, les deux rapporteurs pour la qualité de leur travail d'évaluation dans lequel j'ai d'ailleurs pu retrouver nombre de positions que nous avions défendues lors du débat sur la proposition de loi relative au service civique. Cela montre tout l'intérêt de mener un travail de suivi des lois que nous avons votées.
Je rejoins M. Bernard Lesterlin sur la nécessité d'une implication locale plus forte en matière de pilotage du dispositif, qui doit associer davantage les élus locaux et le monde associatif.
Je constate que l'information délivrée sur le service civique est aujourd'hui insuffisante, même s'il a beaucoup été recouru à internet. La campagne de communication dont le service civique devait faire l'objet a été absorbée par la campagne menée sur la réforme des retraites qui nécessitait sans doute une certaine pédagogie… Mais il paraît nécessaire aujourd'hui d'orienter la communication sur le service civique davantage vers le grand public et de manière plus régulière.
Lors de l'adoption de la loi relative au service civique, l'objectif de M. Martin Hirsch était d'atteindre 75 000 volontaires du service civique en 2014. Nous n'en comptons que 10 000 en 2011. Nous aurons donc du mal à assurer la montée en charge initialement prévue pour le dispositif – 25 000 volontaires en 2011 et 40 000 en 2012 –, mais il nous faut malgré tout agir en ce sens. Il est en effet indispensable de toucher davantage de jeunes pour accroître le brassage social et il convient de développer rapidement le dispositif pour disposer d'un véritable effet de levier au profit du monde associatif. Je rappelle, à titre de comparaison, que l'Allemagne compte 100 000 jeunes accomplissant un service civique.
S'agissant plus précisément de l'objectif de mixité sociale, on observe un problème de sous-représentation des jeunes n'ayant pas atteint le niveau du baccalauréat : ils ne sont que 23 % des volontaires, alors qu'ils représentent 36 % de leur classe d'âge. Le même constat s'impose concernant les jeunes issus du monde rural ou handicapés. Il convient donc de créer des outils permettant de corriger ce biais ; cela passe peut-être par un cahier des charges plus contraignant pour les associations et par un accompagnement plus soutenu, ce qui est nécessairement plus coûteux. Cela étant, des mesures non coûteuses peuvent également être prises, comme privilégier le partage et l'échange d'expériences non seulement lors de la formation mais aussi pendant l'accomplissement du service civique ; c'est la démarche poursuivie, par exemple, par l'association Unis-Cité.
Je terminerai en abordant la question de la formation et du tutorat des jeunes. Comme cela a été souligné, le décret d'application n'est pas encore paru et l'on manque d'un référentiel. En outre, les petites structures associatives ne disposent pas forcément des moyens adéquats pour assurer la formation des volontaires qu'elles accueillent. Il convient donc de réfléchir à un dispositif d'aide financière, et pas seulement à l'attention des grands réseaux associatifs qui peuvent mutualiser cette formation. À cette question est liée celle de la formation des tuteurs ; la suggestion de recourir à un centre de formation, émise par M. Bernard Lesterlin, me semble intéressante et j'observe que ce débat rejoint celui que nous avons eu précédemment sur le budget dédié à la jeunesse et à la vie associative : il est nécessaire de disposer de moyens supplémentaires pour aider les têtes de réseau associatives à assurer la formation civique et citoyenne dans de bonnes conditions.