L'outre-mer est confronté à toutes les mesures d'injustice sociale qui accroissent les inégalités mais aussi aux politiques d'État qui fragilisent les politiques publiques en général. Ces dernières années, cela s'est notamment traduit par des baisses de budget.
Cette année vous vous êtes gargarisée au sujet d'une hausse budgétaire, mais nous savons bien que cette hausse sera écrêtée à l'issue de ce débat.
Quelle est la situation sur le terrain au-delà des chiffres du budget ?
Le chômage officiel est de 21 %. En réalité il est plus élevé car ce chiffre ne prend en compte ni les situations de précarité, ni l'économie informelle qui n'est ni souterraine ni interlope, mais qui est une économie de création d'activités au jour le jour. Ce chiffre officiel ne rend pas compte non plus du taux de chômage considérable des jeunes : 55 %. Autrement dit, un jeune sur deux est certain de ne pas avoir d'emploi, et deux jeunes sur deux, soit la totalité d'une génération, connaissent l'angoisse, car nul ne sait à l'avance qui aura un emploi ou pas.
Même si l'inflation est contestée, elle est partiellement reconnue par les instituts de statistique : elle touche principalement le secteur de l'énergie – ce qui pénalise le développement économique – et les produits alimentaires, ce qui pèse plus fortement sur les personnes aux revenus les plus modestes.
Vous nous parlez beaucoup de développement endogène. Les lettres de cadrage des commissaires qui en sont chargés précisent qu'ils doivent accompagner l'action du préfet : il s'agit donc bien d'un renforcement du pouvoir déconcentré de l'État pour soutenir et suivre les projets, autrement dit pour accomplir une mission assez ordinaire de l'administration d'État.
Sur place, nous constatons que ce développement endogène concerne des projets très visibles, je dirais même voyants, alors que le véritable développement endogène consiste plutôt à chercher et à aider sur le terrain, dans les quartiers et dans les communes reculées, des initiatives prises par des artisans, par des auto-entrepreneurs, par des jeunes, voire par des associations auxquelles la loi a donné la capacité d'exercer des activités économiques lucratives – je pense aux régies de quartier. Il ne s'agit donc pas d'aider par exemple une usine de biomasse qui a déjà investi, qui se diversifie et qui va développer son activité : elle n'a pas spécifiquement besoin d'un commissaire au développement endogène. Cela n'a rien à voir avec les fonctionnaires exerçant cette fonction, mais je me demande, comme l'a fait un autre orateur avant moi, s'il ne serait pas judicieux d'utiliser ce que coûte ces commissariats vers des activités qui permettraient un meilleur maillage du tissu économique.
Madame la ministre, vous connaissez ces sujets par coeur, d'autant que vous vous êtes beaucoup déplacée sur le terrain en outre mer. En conséquence, j'attends des réponses de votre part. Cela est également vrai concernant les trois questions suivantes qui concernent en particulier la Guyane.
Je pense d'abord à la situation de la santé publique, en particulier à celle du secteur de la psychiatrie. Vous connaissez l'actualité et vous vous souvenez sans doute que le 4 février dernier vous avez répondu au nom du Gouvernement à une question que j'avais adressée au ministre de la santé sur l'accueil de mineurs dans les services adultes de psychiatrie. Vous m'aviez répondu qu'une quinzaine de lits seraient disponibles pour accueillir ces mineurs en 2013. Je n'avais pas trouvé cette réponse satisfaisante et je vous avais proposé des solutions intermédiaires afin de résoudre ce problème avant cette date. Malgré le fait que j'ai relancé à plusieurs reprises le ministre de la santé, aucune réponse n'a finalement été apportée et, vous le savez, vendredi dernier, une adolescente âgée de seize ans s'est pendue en hôpital psychiatrique dans un service pour adultes. Avec quelle détermination appellerez-vous le Gouvernement à décider avec célérité d'apporter des solutions immédiates sans attendre jusqu'en 2013 que de nouveaux drames se produisent ?
Ensuite, puisque ce budget nous permet d'entendre à quel point le Gouvernement fait des efforts en matière d'emploi, d'accompagnement et de formation, notamment grâce au service militaire adapté, je veux vous interroger sur le pétrole. Je vous avais posé une question lors de la réunion de la commission des affaires économiques du 26 octobre, j'avais l'intention de réitérer le soir même à ce sujet lors de la réunion de la commission des lois, mais le temps que je rejoigne la réunion prévue à vingt et une heures, la séance était déjà levée.