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Intervention de René-Paul Victoria

Réunion du 8 novembre 2011 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2012 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRené-Paul Victoria :

Madame la présidente, madame la ministre, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, nous sommes des hommes au service des hommes ; nous sommes des élus au service de la population ; nous représentons l'espoir pour les hommes, les femmes, les jeunes, les enfants de France, de métropole et d'outre-mer. Nous oeuvrons pour contribuer au bien-être des personnes qui constituent cette nation, riche de diversités ethniques, religieuses, culturelles, géographiques. Nous légiférons, nous engageons la France pour l'avenir.

Depuis vingt-huit ans, j'exerce avec conviction et passion les différents mandats que les électeurs ont bien voulu me confier. Et si je suis à cette tribune, aujourd'hui, c'est grâce à eux, c'est pour eux, pour toute la population dionysienne, chère à mon coeur. Je salue mes compatriotes qui regardent ce débat à la télévision ou sur internet : vous êtes toujours présents, même à dix mille kilomètres.

Chacun d'entre nous, mes chers collègues, veut défendre les intérêts des habitants de sa circonscription, de sa région, évoquer les différentes problématiques humaines et territoriales qui s'y rattachent. Nos missions sont nobles, et c'est exactement ce qu'attendent de nous nos concitoyens. Pour y parvenir nous avons besoin du soutien de l'État, et ce, malgré la situation économique actuelle.

Notre pays est toujours confronté à la crise, la crise sociale, démarrée en 2008. C'est une période difficile pour tous. En outre-mer j'observe avec beaucoup d'intérêt les événements qui secouent Mayotte aujourd'hui : il n'y a pas si longtemps, nos aînés ont mené des combats similaires pour défendre les intérêts de La Réunion. Je voudrais ici rendre hommage aux militants réunionnais de la départementalisation et à tous ceux qui ont continué à oeuvrer pour le développement de la Réunion. Aujourd'hui, nous pouvons mesurer le chemin parcouru et en être fiers, même s'il ne s'agit là que d'une étape et qu'il reste encore beaucoup à faire.

Aujourd'hui, notre pays, nos régions, ont besoin de stabilité et de lisibilité pour réengager un processus de développement. Le budget 2012, le dernier de la treizième législature, même s'il s'inscrit dans un contexte difficile, doit pourtant apporter des solutions. Des solutions simples, parce que derrière les projets de loi, les enveloppes budgétaires, les dotations, les subventions, chez chacun d'entre nous, nous voyons des personnes, nous voyons des visages, qui attendent un emploi, un logement, des personnes qui luttent pour survivre, des personnes qui ont faim, d'autres qui aspirent à une vie meilleure.

Je souhaite, madame la ministre, que les quelque 3 millions de Français d'outre-mer, et parmi eux les 835 000 Réunionnais, solidaires de la Nation française dans les moments difficiles, soient récompensés de leurs efforts et puissent vivre dans la dignité, avec beaucoup de confiance en l'avenir.

Et l'avenir serait plus lumineux si les 120 000 Réunionnais inscrits au pôle emploi pouvaient trouver du travail. Le taux de chômage actuel s'élève à 29,5 %. C'est beaucoup, beaucoup trop. Les 24 000 jeunes de quinze à vingt-quatre ans sont ceux qui rencontrent le plus de difficultés, mais les personnes âgées de plus de cinquante ans ne sont pas en reste. Nous avons le devoir de les faire sortir de la spirale infernale du chômage.

Et l'avenir serait plus sûr pour les milliers de personnes, de familles, qui attendent un toit. À la Réunion, 26 000 demandes de logements sociaux sont en attente. D'ici 2030, le besoin serait de 180 000 logements. De nombreuses familles, obligées de s'adapter, vivent en état de surpeuplement depuis plusieurs années, et souvent dans des logements insalubres et onéreux, ce qui fait le bonheur des marchands de sommeil.

Et l'avenir serait plus serein si les centaines de milliers de personnes pouvaient avoir un niveau de vie meilleur. À la Réunion, et depuis quelques semaines à Mayotte, des voix s'élèvent pour obtenir la baisse des prix, notamment des produits de première nécessité. Malgré tous les commentaires, le pouvoir d'achat a réellement diminué et il semble impossible d'inverser la tendance.

Travailler, se loger, avoir un niveau de vie correct : voici les trois piliers fondamentaux qui permettront à chacun de vivre décemment, de fonder une famille et de devenir parents, d'être simplement acteur de son propre développement. Tout cela, c'est humain. N'oublions jamais que l'homme est la principale richesse d'un pays, le bonheur est la quête de tous et les finances l'un des moyens d'y parvenir.

Je ne rêve pas, je ne suis pas utopiste. Je veux beaucoup, et peu à la fois. Personnellement, j'estime qu'il s'agit là du minimum pour les personnes qui habitent dans mon département, dans mon pays.

Ces personnes, ce sont les enfants qui feront la France de demain et qui méritent également un système éducatif performant.

Ce sont les jeunes pleins d'espoir et sans limites, qui doivent étudier, s'ouvrir au monde et plus tard s'intégrer dans le monde professionnel, surtout dans leur bassin de vie, comme le prévoit une des mesures du comité interministériel de l'outre mer.

Ce sont les personnes en activité, qui représentent la masse silencieuse et qui aspirent à la reconnaissance, à la valorisation et à un niveau de vie meilleur.

Ce sont les personnes au chômage désabusées par le système et qui souhaitent mettre à profit leurs compétences et leurs talents.

Ce sont les personnes en situation précaire, les exclus qui parfois vivent dans la rue, sans véritable espoir et qui attendent plus de solidarité.

Ce sont les personnes âgées, nos parents, à qui nous devons beaucoup et qui méritent réellement plus d'attention. Est-ce si difficile de leur verser leur retraite au début de chaque mois ? Est-ce normal que les personnes âgées qui perçoivent de faibles revenus et ne bénéficient pas de la CMU, ne puissent plus cotiser à leur mutuelle trop onéreuse et se privent de soins ?

Nous manquons de structures d'accueil, d'établissements hospitaliers et d'aide à la personne, d'établissements pour l'accueil et le bien être sanitaire des personnes âgées dépendantes, d'établissements de soins de suite et de réadaptation, actuellement saturés, d'unités de soins longue durée, et de structures d'hospitalisation à domicile spécifiques aux personnes âgées.

Je ne cesse de penser chaque jour à toutes ces personnes, à tout ce que je devrais leur apporter, parce que je m'y suis engagé.

Je me suis engagé aussi auprès des différents acteurs du monde économique, parce qu'ils sont au coeur même des solutions. Ils créent de l'activité, offrent des emplois, des contrats en apprentissage ou en alternance. Ils créent de la valeur ajoutée et participent à la croissance du pays.

Les responsables de la Fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics m'ont fait part de leur besoin de visibilité et de stabilité législative, fiscale et sociale.

J'ai déposé quelques amendements essentiels pour soutenir notre économie comme le maintien d'une TVA à taux réduit pour les travaux de rénovation, la pérennisation du dispositif Scellier jusqu'en 2015 et, au niveau local, la possibilité d'exclure du « rabot fiscal » le dispositif Scellier DOM. Quant à l'éco-prêt à taux zéro, il est proposé de réduire la durée de location.

Ces mesures permettraient aux entreprises d'être moins inquiètes pour leur avenir, d'autant plus qu'elles doivent faire face à de graves problèmes de trésorerie. À ce titre, il serait judicieux d'imposer le paiement des acomptes et du solde dans un délai maximum de trente jours et de sanctionner les retards de paiement.

Les TPE et les PME subissent de plein fouet la remise en cause de l'abattement de l'impôt sur les sociétés des entreprises en outre-mer. Une étude a été réalisée à la demande de la confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises, par les conseils régionaux de l'ordre des experts comptables de la Réunion, de la Martinique et de la Guadeloupe. Il ressort de cette étude que 86 % des PME et des TPE constituent leurs fonds propres grâce à cet abattement. Le supprimer remettrait en cause leur pérennité, d'autant plus que les banques hésitent à financer les petites entreprises. Il ne s'agit plus seulement d'un avantage fiscal, mais bien d'un moyen de financer l'exploitation.

Concernant le photovoltaïque, l'Assemblée nationale a crée une mission lors du vote du projet de loi de finances 2011, il y a un an. J'ai appris par hasard que son rapport a été déposé hier sur le bureau du président de l'Assemblée et du Sénat. Pourquoi seulement hier alors que le rapport a été rendu en juin ? Cette remise en cause du photovoltaïque a détruit une filière et j'espère bien que les questions me permettront de revenir sur ce sujet.

Pour relancer l'économie dans nos territoires, des outils ont été mis en place ces dernières années. La remise en cause de la loi programme pour l'outre-mer, remplacée par la Lodeom, a provoqué un effondrement de la production de logements dans le secteur libre et intermédiaire et les investisseurs extérieurs ont déserté l'outre-mer. Il convient de rétablir la confiance des investisseurs en proposant des mesures attractives en outre-mer. Il en va de notre survie économique et sociale.

Pour répondre aux attentes de nos populations ultramarines, soyons simples, efficaces, pragmatiques. Soyons plus à l'écoute, plus accessibles, plus compréhensifs. Soyons au coeur de leurs préoccupations. Retrouvons leur confiance.

Je compte sur vous, madame la ministre, et je vous en remercie. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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