Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, l'examen du dernier budget de ce quinquennat se déroule dans le climat tendu de la crise financière internationale. Nous savons d'ores et déjà que les montants annoncés seront revus à la baisse. Le budget de l'outre-mer vient d'être diminué de 56 millions d'euros et s'établit donc, pour l'instant, au même niveau que celui de l'an dernier.
Cette discussion budgétaire intervient aussi au moment où les deux départements de l'océan Indien sont confrontés à des événements rendus dramatiques, non par le contexte mondial, mais uniquement en raison d'une cafouilleuse, d'une calamiteuse, d'une mesquine gestion gouvernementale.
À Mayotte, les bons de cinq euros proposés aux Mahorais lorsqu'à leur tour, ils dénoncent le coût trop cher de la vie, révèlent, au-delà du mépris de la démarche, qu'aucune leçon n'a été tirée des manifestations qui ont traversé, il y a deux ans, l'ensemble des régions d'outre-mer.
À La Réunion, l'incendie qui a ravagé des milliers d'hectares du Parc national est aussi la conséquence du cafouillage gouvernemental. Tous les éléments de langage du monde ne pourront atténuer l'ampleur de la catastrophe écologique, la perte irrémédiable d'une flore endémique et la mise en danger d'espèces animales rares. Traiter avec une telle approximation un site naturel reconnu comme exceptionnel mais fragile, un site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, est révélateur d'un certain état d'esprit à l'égard de nos territoires.
Comment pourrait-il en être autrement lorsque la ministre de l'outre-mer, semaine après semaine, répète en boucle deux sentences sur lesquelles il convient de s'attarder un peu ? « L'outre-mer doit participer à l'effort national et contribuer au redressement des comptes publics. » Voilà votre première phrase fétiche, madame la ministre. À première vue, rien de choquant, mais que de non-dits, que de sous-entendus ! Quand le Gouvernement augmente la taxe spéciale sur les mutuelles de santé, l'outre-mer n'est-il pas concerné lui aussi ? Et quand les sodas sont taxés, les médicaments déremboursés, les indemnités journalières revues à la baisse et la revalorisation des prestations familiales et des aides au logement gelée, pourquoi insistez-vous aussi lourdement quand les populations d'outre-mer subissent, comme les autres, l'avalanche de taxes qui s'est abattue sur la France au cours de ces cinq dernières années ?
Pourquoi ne soulignez-vous pas, au contraire, que ces taxes s'appliquent de la même manière sur des territoires où le PIB par habitant est près de deux fois plus faible, 16 000 à 17 000 euros contre 30 000 euros ? Vous le savez pourtant. Qu'il s'agisse de dispositifs de défiscalisation spécifiques ou généraux, les coups de rabot successifs ne nous épargnent guère. Vous savez aussi que notre participation à l'effort national est telle que le budget de l'outre-mer a été mis à contribution pour rembourser à la marine de Taïwan les centaines de millions d'euros auxquels la France a été condamnée.