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Intervention de Henri de Raincourt

Réunion du 7 novembre 2011 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2012 — Aide publique au développement

Henri de Raincourt, ministre chargé de la coopération :

Je ne suis peut-être pas très doué, monsieur Loncle, mais je suis franc : jusqu'à maintenant, le coup de rabot n'est pas passé. Nous allons nous battre tous ensemble pour essayer de faire en sorte que le deuxième coup de rabot épargne le programme 209. Nous pouvons conjuguer nos efforts pour qu'il en soit ainsi.

Par ailleurs, la contribution que nous apportons au Fonds européen de développement, le FED, a diminué de 26 millions d'euros. Nous avons obtenu l'autorisation de conserver ces 26 millions d'euros pour faire face aux dépenses liées à l'aide publique au développement, qui, ainsi, a été en quelque sorte sanctuarisée.

Je viens de parler du FED, qui représente 800 millions d'euros. J'évoquerai maintenant plus particulièrement le Fonds mondial de lutte contre le sida et la santé pour tenter de répondre à la question posée une fois encore sur ce sujet par Mme Bousquet.

Madame la députée, à la suite des engagements de Muskoka qui visaient à consacrer 500 millions d'euros supplémentaires pendant la période 2011-2015 à la santé des mères et des enfants, la France a demandé au Fonds mondial d'identifier les programmes et les projets qui concernent plus spécifiquement la population vulnérable que constituent les jeunes filles et les jeunes mères.

Ainsi, 46 % des programmes du Fonds mondial leur sont consacrés. Dans le cadre des engagements pris par le Président de la République, un fonds de solidarité prioritaire a été mis en oeuvre avec les quatre principales agences des Nations unies impliquées dans les questions de santé des femmes et des enfants – l'OMS, l'UNICEF, l'ONU Femmes et le Fonds des Nations unies pour la population. Ce sont 19 millions d'euros qui, pendant cinq ans, seront consacrés à la mise en oeuvre des programmes destinés en priorité à ce que l'on appelle la santé reproductive, qui comprend la planification familiale et la protection contre les infections sexuellement transmissibles, notamment le sida. Les jeunes filles constituent à l'évidence le groupe le plus exposé et le plus vulnérable.

Au mois de février dernier, je suis allé à Ouagadougou annoncer que cette enveloppe de 100 millions d'euros serait consacrée en priorité à cette action et bénéficierait principalement aux pays de l'Afrique de l'Ouest francophones.

En outre, au travers d'UNITAID, la France promeut l'accessibilité des moyens contraceptifs pour ces populations vulnérables.

Cela a été dit et les chiffres le prouvent, 60 % de notre aide publique au développement sont réservés à l'Afrique subsaharienne et 50 % de nos subventions sont fléchées vers les quatorze pays les plus fragiles. J'ai entendu des commentaires qui mettaient en doute l'exactitude ou l'efficacité de ce fait. C'est pourtant la réalité.

La concentration géographique est très importante : 60 % de l'APD va à l'Afrique subsaharienne, 20 % aux pays de la Méditerranée, 10 % aux pays émergents et 10 % aux pays en sortie de crise. Certains font hélas partie de la catégorie « pays en sortie de crise » depuis longtemps. Je pense par exemple à la Palestine et à l'Afghanistan, où notre contribution est de l'ordre de 35 millions d'euros par an. Au moment où notre présence militaire s'amenuise pour tendre vers zéro d'ici à 2014, on nous demande d'augmenter d'autant notre appui en matière civile. Nous travaillons sur cette question.

Je ne reviendrai pas sur le débat déjà ancien et bien légitime sur les prêts consentis à des pays émergents. Pierre Lellouche l'a fort bien évoqué. Nous considérons que ce qui est fait est positif pour la France, pour sa politique de rayonnement et d'influence, mais on peut avoir une opinion contraire et nous pouvons en discuter. Le Gouvernement français considère que, au-delà des prêts, les discussions avec la Chine et le Brésil offrent des occasions d'échanges sur des grandes problématiques planétaires. Cela nous permet de cheminer avec eux et de les convaincre que l'aide publique au développement ne concerne pas seulement les pays dits riches, mais aussi les pays émergents. Nous sommes tous sur le même bateau et nous avons tous la volonté de favoriser le développement des pays qui en ont le plus besoin pour des raisons évidentes liées à la démographie. Ainsi, l'Afrique connaît aujourd'hui des taux de croissance de l'ordre de 5 à 6 %. Nous avons tous intérêt à ce qu'un développement endogène s'accentue en Afrique, car la population doit y augmenter dans des proportions considérables. Si nous ne sommes pas capables de faire en sorte que des progrès substantiels soient accomplis en matière de croissance, d'emploi et de développement, nous irons au-devant de déconvenues et le réveil sera particulièrement douloureux.

En la matière, il est très important que nous partagions les mêmes objectifs avec les pays émergents. Le G 20 peut permettre de discuter de ces questions, comme cela a été le cas cette année.

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