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Intervention de François Asensi

Réunion du 7 novembre 2011 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2012 — Aide publique au développement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Asensi :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, sur une planète accablée depuis 2008 par la crise du capitalisme financier, l'aide publique au développement est, plus que jamais, nécessaire pour promouvoir la réduction des inégalités Nord-Sud et le droit au développement des peuples.

Selon la Banque mondiale, 1,2 milliard de personnes vivent sous le seuil de l'extrême pauvreté. Les épidémies comme le sida ou le paludisme font toujours plus de ravages dans les pays en développement et la sécurité alimentaire de milliards d'individus reste très fragile, comme nous l'a montré la terrible famine qui sévit actuellement dans la corne de l'Afrique.

L'aide publique au développement n'est pas un geste de charité des pays les plus riches. Elle est la compensation, largement insuffisante, d'un système économique international fondamentalement injuste et inégalitaire. L'aide publique, aussi indispensable qu'elle soit, ne peut donc pas se substituer à l'absolue nécessité d'inverser le cours d'une mondialisation guidée aveuglément par la doctrine néolibérale.

Les résultats mitigés obtenus par la présidence française du G8 et du G20 démontrent l'absence de volonté de réforme des pays les plus riches. La régulation financière n'a pas progressé d'un iota, pas plus que la taxation des transactions financières et la mise au pas du libre-échangisme, notamment pour les produits agricoles.

Dans ce contexte, les pays en développement sont frappés par une triple peine. Premièrement, ils ont été les premiers à subir la brutalité des remèdes néolibéraux, sous la forme des plans d'ajustement du FMI : réduction du rôle de l'État, privatisation des services publics, développement des inégalités. Deuxièmement, ils sont désormais les premières victimes du chaos causé par le modèle ultralibéral, à travers le ralentissement économique mondial. Troisièmement, enfin, ils subissent le tarissement de l'aide au développement, car face à la crise, les pays développés font assaut d'égoïsme et l'aide publique sert de variable d'ajustement.

En conséquence, 18 milliards de dollars manquent à l'appel sur les 50 milliards d'aide promis par les États du G8 en 2005. Impossible, dans ces circonstances, d'espérer atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement fixés par l'ONU, pour diminuer l'extrême pauvreté de moitié d'ici à 2015 et améliorer l'accès des plus pauvres à la santé, à l'éducation et aux services publics.

Contrairement à ce que prétend le chef de l'État, l'aide publique au développement accordée par la France n'est plus à la hauteur. Son volume stagne à 3,3 milliards d'euros et ne représente que 0,45 % du PIB, loin de l'objectif des 0,7 % du PIB fixé par les Nations unies. Les ONG s'alarment de plus en plus du tarissement des subventions, qui empêche de nombreux projets de développement de voir le jour.

Quand la France se décidera-t-elle à respecter ses engagements ? Le diable se niche dans les détails. Comme chaque année, un examen approfondi du budget de la mission « Aide publique au développement » nous amène à relativiser encore plus l'effort français. Près de la moitié du budget est, en réalité, constituée de prêts ou d'annulation de dettes. En quoi les annulations de dette sont-elles une aide au développement ?

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