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Intervention de Jean-Pierre Marcon

Réunion du 4 novembre 2011 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2012 — Mission Économie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Marcon :

Dans le cadre de la mission « Économie », je voudrais m'attarder particulièrement sur le programme « Tourisme ».

Nous mesurons tous ici l'importance de l'activité touristique en France et la place, ô combien privilégiée, que tient notre pays dans le classement mondial des destinations. D'autres collègues l'ont largement relaté avant moi.

La France est bien sûr la première destination touristique au monde. Son attrait s'explique notamment par la diversité de ses paysages, la richesse du patrimoine historique, culturel et artistique, son climat tempéré, ses facilités d'accès et d'infrastructures de transport, mais aussi son équipement important et varié en structures d'accueil, sans oublier l'attrait de notre gastronomie – à laquelle je suis personnellement et familialement très attaché.

La France reste une destination privilégiée entraînant une consommation touristique importante. M. le secrétaire d'État l'a rappelé, elle représente 7 % du PIB. Le secteur du tourisme est une des branches importantes du commerce extérieur de notre pays dans la mesure où il contribue au solde positif des échanges extérieurs. Dans un marché mondialisé en pleine expansion, le chiffre d'affaires du tourisme continue de progresser régulièrement, malgré la montée en puissance des pays émergents et la concurrence de plus en plus forte de pays concurrents du pourtour méditerranéen.

Dans un tel contexte, pourquoi maintenir le soutien financier de l'État ? C'est la question que l'on pourrait se poser.

Pondérons notre enthousiasme, mes chers collègues, car la rente de situation s'est fragilisée ces dernières années. Le chiffre d'affaires par visiteur n'est plus qu'au dixième rang mondial ; nous perdons des parts de marché, notamment dans le tourisme d'affaires ; la concurrence devient de plus en plus vive avec nos voisins européens sur le segment des grands congrès internationaux, comme à Barcelone, Madrid, Milan ou Berlin.

Si la fréquentation touristique est au beau fixe à Paris et dans la plupart des stations alpines et du littoral, elle stagne dans les zones moins attractives comme la campagne et la moyenne montagne.

Le tourisme rural possède pourtant des atouts de première importance – je ne les énumérerai pas ici, cela allongerait trop nos débats.

Plus inquiétant encore, le taux de départ en vacances des Français ne progresse plus depuis plusieurs années ; il a même tendance à régresser. Sont majoritairement exclus des vacances les jeunes, les familles, les seniors, les handicapés et, de façon plus générale, les plus vulnérables, et ce phénomène a précédé la crise.

Face à ce constat, la France doit poursuivre une stratégie résolument offensive, nécessitant encore le soutien de l'État.

D'ailleurs, au moment où la crise nous contraint de produire plus et mieux, nous ne pouvons que nous féliciter, monsieur le secrétaire d'État, des orientations prises par le Gouvernement pour doper les consommations touristiques dans notre pays.

Première priorité que vous avez affichée : promouvoir la destination France avec la participation active d'Atout France. C'est une très bonne chose, d'autant plus que l'agence Atout France a été confortée par la loi relative aux services touristiques de 2009. Elle pourra fédérer les acteurs touristiques publics et privés pour valoriser nos destinations.

Il faut continuer mais aussi faire encore plus et mieux. Dans ce domaine, nous avons à rattraper certains pays concurrents pour qui la promotion touristique est essentielle : l'Autriche, l'Irlande, l'Espagne, voire l'Italie.

Il faut renforcer Atout France auprès des opérateurs touristiques. C'est notre désir le plus sincère pour les prochaines années.

Deuxième priorité affichée : stimuler la consommation touristique. L'amélioration de la qualité des sites et des hébergements est essentielle. Nous avons pris du retard sur certains pays. Nous devons réinvestir massivement dans les prochaines années.

Tout doit être entrepris pour dépasser nos concurrents : le plan « Qualité tourisme », particulièrement important, tous les aspects du développement durable du territoire, l'offre globalisée qu'il faudra à tout prix promouvoir.

Là aussi, des efforts importants devront être mobilisés dans les prochaines années, notamment pour rattraper certains pays, comme l'Espagne, qui en font davantage que nous.

Dernier objectif, sur lequel je voudrais m'attarder quelque peu : faciliter le départ et l'accès aux vacances pour tous. Cette branche d'activité touristique, dite sociale et familiale, qui participe aussi à l'aménagement du territoire a perdu ses principaux soutiens financiers – les collectivités locales, l'État mais aussi tout le secteur para-public, notamment les caisses d'allocations familiales, les comités d'entreprises et les comités des oeuvres sociales.

Certes, la baisse de la TVA constitue une aide significative pour les hébergeurs. Le soutien de l'Agence nationale pour les chèques-vacances, dont la collecte de ressources a été récemment élargie, constitue aussi une avancée importante. Le dispositif « Tourisme social investissement » accompagnera la rénovation de certains équipements.

Mais cela ne sera pas suffisant. Dès que nous aurons trouvé quelques marges budgétaires supplémentaires, il faudra revoir nos interventions en direction des hébergements de tourisme familial et social.

Nous devons nous opposer à la diminution, voire la disparition dans certaines régions, de centres de vacances et de loisirs. Nous devons préserver l'offre de villages de vacances. Nous devons conserver les structures d'accueil pour les plus vulnérables. Nous en avons vraiment besoin : c'est indispensable pour les vacances du plus grand nombre.

Nous devons aussi veiller à ce que certaines décisions réglementaires n'aggravent pas la situation, notamment avec le raccourcissement des vacances, les mises aux normes de sécurité et d'accès aux handicapés, les lourdes contraintes des classements, l'arrêt de la Cour de justice européenne sur le temps de repos, autant de facteurs qui pourraient décourager ceux qui ont encore envie d'accueillir des vacanciers dans notre pays.

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