Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, lorsque l'on regarde les chiffres du commerce extérieur, ce qui frappe, c'est le déficit abyssal que la France connaîtra cette année : un record ! Cela étant, nos exportations ont, elles aussi, atteint des niveaux records cette année. Cela signifie que, malgré la conjoncture difficile, nos entreprises françaises ont augmenté leurs exportations. Voilà qui, à défaut de nous consoler, nuance le regard que nous devons porter sur notre commerce extérieur.
À y regarder de près, l'on constate que les secteurs qui tiraient, il y a quelques années, notre commerce extérieur, sont aujourd'hui en berne, particulièrement l'automobile et la pharmacie – même si celle-ci résiste mieux et que SANOFI est potentiellement en position de devenir leader mondial dans le domaine. Certes, l'agroalimentaire continue de caracoler en tête et l'aéronautique reste notre premier exportateur ; mais tous ces secteurs subissent une baisse de leur solde exportateur, particulièrement marquée dans l'automobile.
Être exportateur français aujourd'hui dans le monde est difficile, et ce malgré les protections que l'Europe peut nous assurer. En fait, ce serait plutôt le contraire : les industriels français ou européens sont soumis à un tas de réglementations alors que leurs confrères du reste du monde en ont beaucoup moins. Il n'y pas de taxe carbone, pour tenir compte des normes environnementales qui nous sont imposées et que le reste du monde, particulièrement les pays émergents, ne respecte pas ; pas davantage de clause sociale pour tenir compte des disparités en matière de droit social, et qui pourraient être un moyen d'inciter ces pays à améliorer leur législation dans ce domaine pour accéder plus facilement au marché européen. Rien de tout cela existe, et c'est pour nos entreprises un réel handicap dans la compétition internationale.
D'un autre côté, il faut relever des points positifs. Les investissements étrangers en France, par exemple, se portent bien. Notre pays se situe en la matière au troisième rang mondial, derrière les États-Unis et la Chine.
UBIFRANCE ensuite, le dispositif du ministère du commerce extérieur, est opérationnel. Cette organisation est censée soutenir nos entreprises dans les pays étrangers et organise des salons. Il était important d'avoir une équipe de France opérationnelle ; nous l'avons. Elle pourrait l'être un peu plus mais, quoi qu'il en soit, le dispositif français est en ordre de marche.
Je voudrais, monsieur le secrétaire d'État, dans le temps qui me reste, vous poser trois questions, dont la première, que se sont posée nombre de mes collègues de la commission des affaires économiques, a trait à notre organisation. Dans la réalité, ne souffrons-nous pas d'un trop-plein de structures ? Mon image d'une équipe de France opérationnelle est-elle conforme à la réalité ? Les gens ne se marchent-ils pas sur les pieds ?
Je voudrais plus particulièrement appeler votre attention sur un sujet précis : les salons labellisés. UBIFRANCE organise des salons à l'étranger. L'agence a acquis en la matière une expérience qui lui faisait défaut il y a quelques années et n'a plus à rougir de la comparaison avec l'Italie, où la pratique est courante. UBIFRANCE labellise également des salons organisés par d'autres organismes, ce qui revient beaucoup moins cher à l'État. Tire-t-on assez profit de cette labellisation ? Les crédits sont-ils suffisants pour permettre de labelliser un maximum de salons à l'étranger et sommes-nous aussi efficaces que l'on puisse l'être dans ce domaine ? En d'autres termes, notre équipe de France tire-t-elle suffisamment profit de toutes les bonnes volontés qui existent dans les chambres de commerce ou chez les organisateurs de salons ?
Ma seconde question concerne OSÉO, qui a fort bien travaillé au moment de la mise en place du plan de relance, en garantissant les crédits bancaires, avec des résultats très satisfaisants. Ne devrions-nous pas utiliser un dispositif équivalent pour les plans d'exportation des entreprises, afin que les banques soient garanties dans de bonnes conditions ? OSÉO a fait des propositions en ce sens, me semble-t-il ; il faudrait les saisir et s'en servir le plus largement possible.
Ma troisième question porte sur l'agroalimentaire, grande spécialité française et source extraordinaire d'excédent commercial. Mais, avec UBIFRANCE et SOPEXA, sommes-nous bien organisés pour faire face à toute la demande du reste du monde ? La France brille dans ce domaine, mais elle pourrait briller bien mieux encore.
Voici quelques questions que nous nous sommes posées en commission et que je tenais à vous transmettre, monsieur le secrétaire d'État. Quoi qu'il en soit, la commission des affaires économiques, après avoir entendu Pierre Lellouche, a émis un avis favorable sur ce budget. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)