Madame la présidente – chère madame Dumont –, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, dans le projet de loi de finances pour 2012, il est proposé de réduire les crédits du programme « Tourisme » à 43,20 millions d'euros en autorisations d'engagement et à 44,70 millions d'euros en crédits de paiement, soit une baisse de 18,3 % des premières et de 12,3 % des seconds, l'ensemble de ces crédits représentant 2 % de ceux de la mission.
Monsieur le secrétaire d'État, vous avez présidé, le 25 octobre dernier, le troisième « T20 », qui réunit les ministres chargés du tourisme des pays du G20. À cette occasion, vous avez réaffirmé, à juste titre, l'importance du tourisme pour notre pays et dévoilé une nouvelle estimation, plus conforme aux méthodologies reconnues par l'Organisation mondiale du tourisme, des retombées directes de ce secteur, qui représentent 7,1 % du PIB, contre 6,2 % précédemment. Vous avez également appelé vos homologues à conduire des politiques ambitieuses – retenez le terme – pour le développement d'un tourisme de qualité, créateur de valeur ajoutée.
En tant que rapporteur spécial du programme « Tourisme », je ne peux que saluer de telles déclarations, mais qu'en est-il des moyens ? S'agit-il d'un discours incantatoire, ou existe-t-il une volonté politique forte d'utiliser les crédits qui vous sont alloués de manière à ce qu'ils produisent un effet de levier et contribuent à accroître encore la part du secteur du tourisme dans l'économie générale de notre pays ? La question se pose, puisque, ce matin, le Gouvernement a déposé un amendement tendant à diminuer encore les crédits du tourisme. Certes, cette régularisation était attendue ; il ne faut donc pas lui donner trop d'importance, allez-vous me dire. Mais elle représente tout de même de plus de 10 % du coup de rabot proposé sur la mission « Économie », alors que le tourisme ne représente que 2 % des crédits de cette mission. Il y a là une contradiction que nous devons relever et que nous ne pouvons que regretter.
Je ne peux que déplorer également, une nouvelle fois, l'effritement des dotations budgétaires d'un secteur qui pourrait faire l'objet d'une grande politique publique, le contexte mondial étant très porteur. Le tourisme est en effet l'une des premières activités à avoir renoué avec la croissance au niveau mondial. Ainsi, en France, le chiffre d'affaires du secteur a crû de 7 % en 2010 et de 5 % au cours des huit premiers mois de 2011. Et l'on peut supposer que, sauf difficultés inattendues, il connaîtra un développement soutenu dans les années à venir, puisque les flux de voyageurs se développent et que de nouvelles clientèles apparaissent dans les pays émergents.
Certes, la France demeure la première destination touristique mondiale, avec 76,8 millions d'arrivées de touristes internationaux, mais sa part au sein des recettes mondiales tirées du tourisme a baissé : 5 % en 2010 contre 6,5 % en 2005. En outre, les résultats de 2010 ont été stables alors que la reprise était très forte. La concurrence internationale s'intensifie avec la montée en puissance de nouvelles destinations, et des efforts sans commune mesure avec les nôtres sont réalisés par d'autres pays, notamment l'Espagne. L'objectif n'est pas seulement de préserver la place de la France comme premier pays visité au monde. Il est de lui redonner sa première place européenne en matière de recettes touristiques,…