Monsieur le ministre, ma question porte sur les IDEX, les initiatives d'excellence définies dans le cadre du grand emprunt.
Les candidatures de Bordeaux, de Paris Sciences Lettres et de Strasbourg ont été retenues au terme de l'appel à projets doté de 7,7 milliards d'euros ; onze autres pôles universitaires viennent de remettre leur candidature pour le second appel à projets. On peut pourtant se poser des questions quant à la cohérence globale d'un tel système en raison de l'ambivalence inscrite, dès 2007, dans la loi LRU, entre régulation nécessaire et autonomie des établissements. En fait, la formalisation donnée dans le cadre des IDEX se traduit, comme c'était le cas dans le plan Campus, par des mécanismes incitatifs.
La première cohérence qui pose question, c'est la cohérence budgétaire. En effet, les établissements espèrent recevoir au moins un milliard d'euros, mais ils ne les auront pas vraiment puisque cette somme sera constituée de placements qui rapporteront bon an mal an 40 millions chaque année, et ce sans garantie sur l'avenir desdits placements.
La cohérence universitaire est, elle aussi, en question puisque les regroupements d'établissements s'effectuent en fonction des possibilités de financement et non de politiques structurantes d'enseignement supérieur, de recherche ou d'organisation pédagogique. Ainsi, en Île-de-France, l'université de Versailles-Saint-Quentin navigue entre Saclay et le pôle Grand-Ouest, tandis que Sorbonne Paris-Cité n'a pas été reconnue parce qu'elle n'était pas un établissement fusionné alors qu'elle veut passer avec ses 120 000 étudiants au statut d'université unifiée. Je peux citer aussi Paris Sciences et Lettres, cas emblématique puisque cet établissement a été le grand gagnant du premier IDEX en Île-de-France : il regroupe notamment l'École normale supérieure, le Collège de France, l'ESPCI, et a été élargi à Dauphine et aux Beaux-Arts pour passer du statut de PRES à celui d'IDEX. Il s'agit aujourd'hui de savoir si cet établissement, dont on ne voit pas très bien les contours, doit être une université à part entière.