Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je souhaite limiter mon propos à un seul sujet : la dégradation préoccupante des conditions de vie des étudiants en matière de logement, de santé et de ressources financières.
Nous le constatons tous dans nos circonscriptions, il y a aujourd'hui une montée préoccupante de la pauvreté et de la précarité pour de nombreux étudiants, dont votre budget 2012, monsieur le ministre, ne prend pas la mesure. Les résultats de la troisième enquête nationale sur la santé des étudiants, réalisée à l'initiative de la Mutuelle des étudiants, montre très clairement la dégradation de leurs conditions de vie.
Que dit cette enquête ?
La moitié des étudiants vit avec moins de 400 euros par mois – je rappelle que le seuil de pauvreté est aujourd'hui de 954 euros par mois. À ce jour, 30 % des étudiants déclarent travailler pour financer leurs études. Un quart d'entre eux jugent ces ressources financières insuffisantes et ont du mal à joindre les deux bouts. Il y a quelques semaines, d'ailleurs, une épicerie solidaire a ouvert ses portes sur le campus de Lyon 1. Cette précarité financière conduit nombre d'entre eux à renoncer aux soins : 34 % des étudiants disent avoir renoncé à consulter un médecin au cours de l'année écoulée et 19 % déclarent ne pas bénéficier d'une assurance maladie complémentaire. Je rappelle que, dans la population générale, cette situation concerne seulement 6 % de nos concitoyens.
La situation va encore s'aggraver, du fait de la décision injuste du Gouvernement de doubler la taxe sur les complémentaires santé. Cette décision va conduire plus d'étudiants encore à se désaffilier des complémentaires santé, uniquement pour des raisons financières. La conséquence sera dramatique sur le plan sanitaire, car elle exposera ces étudiants à des problèmes de santé plus lourds, qui coûteront plus cher à la sécurité sociale.
Face à cette situation alarmante, les quelques mesures nouvelles pour améliorer la vie étudiante dans le budget 2012 ne sont pas à la hauteur des enjeux.
Le dixième mois de bourse est un engagement qui date de 2008. Il aura mis du temps à se concrétiser ! Nous attendons, monsieur le ministre, que vous nous confirmiez, sur le plan financier, la pérennité de cette mesure.
Le Fonds national d'aide d'urgence reste stable cette année, après avoir baissé l'an dernier, alors qu'il est censé combattre la précarité qui progresse chez les étudiants. Les fonds pour les CROUS sont en diminution. Quant au passeport logement étudiant, avec la prise en charge de la caution solidaire pour impayés et le dépôt de garantie, il ne sera mis en place que dans deux régions seulement, à Lille et à Lyon.
Pendant ce temps, le coût de la vie étudiante flambe, et vous n'avez presque rien fait pour empêcher l'augmentation du prix des tickets de restaurant universitaire et des frais d'inscription.
Le courage aurait été, de la part du Gouvernement, de lancer une véritable réflexion sur une allocation d'autonomie sous conditions de ressources, financée à partir des ressources fiscales qu'il faut redéployer – je pense aussi à la fiscalité de la famille, qui est incohérente dans notre pays.
Le courage, monsieur le ministre, aurait aussi consisté à mettre en application ce que vous aviez préconisé en tant que parlementaire. Vous êtes en effet l'auteur d'un rapport sur la santé et la protection sociale des étudiants, publié en 2006 et contenant des mesures qui ne coûteraient pas très cher et qui mériteraient d'être mises en place, aujourd'hui, par le ministre Wauquiez.
Il est toujours plus difficile de mettre en oeuvre ce type de mesure, mais il me semble indispensable de changer de braquet, de passer un cap et de prendre véritablement en compte une situation qui est aujourd'hui très alarmante en termes de pauvreté et de précarité. Il faut mettre le paquet ! C'est ce que nous vous demandons, monsieur le ministre, mais malheureusement, dans ce budget, nous n'en voyons pas la concrétisation. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)