Les inspecteurs généraux, autant dire quatre personnes sur un coin de table. Leur nom n'est même pas connu. De mon temps, comme disent les vieux mammifères, on savait qui présidait le CNP – c'était moi, en l'occurrence – et quels professeurs siégeaient dans les groupes d'économie, d'histoire ou de français. On pouvait leur demander des comptes et, pourquoi pas, organiser à l'Assemblée nationale un débat sur les programmes, car, si ce n'est pas aux députés d'en décider, le sujet peut du moins les intéresser.
Quand j'ai demandé à Xavier Darcos quels étaient les rédacteurs de ses fichus programmes – qu'il n'avait d'ailleurs pas lus ! –, il n'en savait rien. Il ignorait qu'ils rétablissaient l'étude du passé antérieur, que nul ne connaît, et qu'ils intégraient la connaissance des institutions européennes. Pour rien au monde je n'expliquerai à ma fille de dix ans la différence entre la Commission européenne et le Conseil de l'Europe. Les élèves auront le temps d'y venir, puisque la scolarité est obligatoire jusqu'à seize ans. Le fait que nul ne sache le nom de l'auteur des programmes, qui engagent la vie de 10 millions d'élèves, est un scandale qui me choque en tant que parent, qu'ancien ministre et que démocrate, et dont les députés devraient saisir le ministre.
Si l'on a supprimé le CNP, au bénéfice de l'inspection générale, ne serait-ce pas pour faire vivre les éditeurs scolaires, auxquels le ministère alloue 60 millions par ans, et qui seraient en déficit si l'on ne changeait pas les programmes tous les quatre ans. Or j'avais institué que ceux-ci ne soient modifiés que de manière infime, car enfin l'histoire de la Révolution française ou de la guerre de 1914 n'a pas changé au cours des quatre dernières années.