Si l'on s'en tient strictement à la nature, une femme peut mettre au monde environ douze enfants, dont les deux tiers mourront de maladie. Mais le pape, qui rejette le préservatif, la pilule et l'interruption volontaire de grossesse (IVG), ne refuse pas les vaccins et les antibiotiques. S'il considère que la science doit protéger ceux qui viennent au monde, il doit aussi accepter qu'elle limite le nombre des naissances, faute de quoi l'équilibre vital ne sera plus respecté. C'est pour cette voie médiane que je plaide, en tant que députée et pédiatre.
C'est également au nom de l'équilibre que je m'oppose à Elisabeth Badinter, qui dénonce l'allaitement comme une forme d'esclavage pour les femmes. Dans nos civilisations extrêmement scientifiques, on oublie tout ce qui passe par le regard d'une mère qui allaite son bébé. Pour avoir exercé quarante-cinq ans, notamment en maternité, et avoir connu des civilisations différentes, je sais que, tout en utilisant les avancées de la science, il faut respecter ce que la nature nous rappelle des besoins de l'être humain.
C'est enfin avec équilibre qu'il faut poser la question de l'identité et de l'orientation sexuelles, qui ne se correspondent pas nécessairement. Il n'est pas mauvais d'informer les enfants, de leur envoyer un message de respect et de faire comprendre à ceux qui, à neuf ou dix ans, ne se sentent pas comme les autres, qu'ils n'ont pas à être déprimés ou à songer au suicide. C'est un vrai problème, qu'il faut aborder sans dogmatisme et sans choquer les familles. Vous le voyez : le pédiatre est toujours entre nature et culture.