C'est la première fois que nous voyons renaître une politique industrielle en France et c'est bien qu'il y ait sur ce point un consensus dans le débat politique. Si nous pouvons tous faire campagne sur ce thème, je crois que nous ferons gagner notre pays.
Sur le traitement des PME, je suis encore plus sévère que vous. Je voudrais vous informer d'une chose que j'ai faite et dont je suis assez fier, parce que ce n'était pas évident. J'ai dit ceci aux patrons du CAC 40 : « Mesdames et messieurs les grands patrons, quand vous viendrez à Bercy chercher du financement d'accompagnement à l'exportation, vous serez toujours les bienvenus car nous sommes là pour les grands contrats et les grands investissements. Simplement, je vais vous demander : combien de PME amenez-vous avec vous et combien d'emplois allez-vous créer ? En effet, si vous n'amenez pas de PME et que cela ne profite pas à l'emploi, vous pouvez vous adresser au secteur bancaire privé». Cela, c'est une sorte de mini-révolution, croyez-moi, et ce n'est pas si simple à faire parce qu'il faut faire attention aux problèmes des aides d'État, aux problèmes de législations européenne et internationale notamment dans le cadre de l'OMC. De cette façon, nous essayons de réhabiliter l'idée de patriotisme économique, l'idée qu'il y a un lien entre le donneur d'ordres et les PME.
À l'autre extrémité, vous avez les entreprises qui ont carrément décidé de s'installer dans leurs marchés, en déménageant l'équipe dirigeante, y compris la direction des ressources humaines (DRH) ! Ce n'est pas franchement ma façon de concevoir la politique industrielle. Le déménagement de la technologie, le déménagement des chaînes d'assemblage comme des centres de recherche n'est pas dans l'intérêt national. Je le dis très clairement. À mon avis, ceux qui le font servent peut-être l'intérêt de leur entreprise, au plus près de leur marché, mais nous, nous avons en charge la politique industrielle et d'exportation de notre pays. Il est de mon devoir de le dire. Quand un grand groupe fait cela, je ne suis donc pas nécessairement d'accord.
Je pourrais continuer longtemps, mais, vu l'heure, il vaut mieux s'arrêter. Je vous remercie pour la qualité de ces échanges. Je sens, malgré les différences qu'on peut avoir sur des questions de fiscalité ou sur le coût du travail, selon nos sensibilités, qu'il émerge une prise de conscience de la gravité de la situation. C'est la seule chose qui m'importe.