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Intervention de François Brottes

Réunion du 25 octobre 2011 à 17h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Brottes :

Monsieur le ministre, il vous est parfois difficile de vous réfréner. Vous aimez bien polémiquer. Mais permettez-moi de rappeler que, si je soutiens François Hollande, celui-ci n'a jamais, sauf erreur, évoqué une quelconque « démondialisation » !

J'ai une réelle estime pour vous monsieur le ministre car, lorsque les discussions ont eu lieu sur la privatisation de Gaz de France, vous vous y étiez opposé et, dans votre camp, vous étiez bien l'un des seuls ! Or, c'était une des chances de la France, sous l'impulsion du général de Gaulle et de certains de ses successeurs, que de bénéficier de grands groupes industriels publics, avec un actionnariat de l'État qui est malheureusement en constante diminution. Ces grands groupes conditionnaient l'activité de nombreuses petites et moyennes entreprises en aval. Or, à l'heure où il n'existe que des capitaux privés cherchant surtout à s'étendre au-delà de nos frontières, ces grands groupes ont perdu toute approche nationale, ce qui fragilise inévitablement le tissu de nos PME. En synthèse à vos propos, je note que vous nous avez bien dit que nous nous souffrons d'un défaut d'offre à l'exportation. Sincères, vos propos n'en sont pas moins dramatiques ! On a tourné le dos à ces grandes entreprises, ce qui est regrettable : si notre pays a toujours de véritables champions du monde dans certains secteurs comme l'automobile, l'aérospatial, les télécommunications et le numérique, ces champions « pompent » la recherche et le développement (R&D), ici même en France, puis ils vont ensuite développer leurs productions en-dehors de nos frontières. Il faut aussi savoir que, lorsque votre gouvernement supprime la taxe professionnelle, le lien entre l'entreprise et le territoire disparaît : de ce fait, il n'y a plus une seule commune pour souhaiter investir afin d'attirer un site classé « SEVESO », car il n'y a plus d'intérêt local !

Dans notre pays, on a longtemps pensé que le développement de la croissance émanerait du seul fait des services : certains prétendaient même que des miracles viendraient des services et beaucoup ont cru au « fabless ». Je suis heureux de constater que l'importance d'avoir une politique industrielle est de nouveau à l'honneur. Or, comment peut-on renouer avec ce tissu de production industrielle ? Parmi les faiblesses qui affectent nos entreprises, vous n'avez pas évoqué, monsieur le ministre, le prix de l'énergie qui représente pourtant une part importante des coûts de production. Je dispose de chiffres qui, contrairement à ce qui est souvent dit en France au travers de moyennes peu significatives, montrent que l'énergie coûte moins cher, en Allemagne ou en Suède, pour les industriels, ce qui n'est peut-être pas pour rien dans la perte de certaines de nos parts de marché. On doit prendre en considération cette variable très importante ! Il existe également le problème des entreprises électro-intensives dont on vient d'alourdir la taxation… En un mot, lorsque des discussions ont lieu au niveau interministériel sur les sujets de l'énergie, vous y associe-t-on ? Je n'insisterai pas sur le secteur du photovoltaïque et de l'argument des panneaux solaires chinois. En outre, on constate que les textes s'accumulent (Grenelle 1, Grenelle 2…), mais il faut veiller à ce que ce ne soit pas toujours les mêmes acteurs qui subissent de nouvelles contraintes.

Comme beaucoup d'élus, je vois régulièrement monsieur René Ricol, le commissaire général à l'investissement, qui mène une action absolument formidable. Je travaille sur différents dossiers et, actuellement, sur un projet d'usine qui fabrique de la laine de bois. Or, figurez-vous que celle-ci ne peut prétendre à aucune aide car ce projet ne fait pas appel à de l'innovation technologique ! Ne peut-on changer cette situation, dès lors qu'on ne trouve plus aujourd'hui en France, car ce n'est manifestement plus la mentalité, les 7 à 8 millions d'euros de capitaux propres nécessaires à des réalisations de cet ordre ?

On a déjà évoqué la notion de « juste échange » : quel regard et quelle action pouvez-vous mener pour que dans notre organisation on puisse imposer, à nos frontières, des voies plus respectueuses des règles sociales ou environnementales ?

Je constate donc qu'en France, du fait de la réticence des organismes financiers, on abandonne des projets d'entreprises faute de capitaux propres suffisants. Si l'on veut relancer l'industrie en France, il faut innover. Or, nous bénéficions d'atouts indéniables : de très bonnes écoles, des personnels compétents, un effet de levier public efficace etc. Pourtant, on a la fâcheuse impression que tout cela se délite.

Je conclurai mon propos en vous posant deux questions précises :

Pouvez-vous nous indiquer la part que représente l'Union européenne par rapport au reste du monde dans notre déficit commercial ?

Pouvez-vous nous préciser quelle est la part de l'énergie dans le déficit de notre commerce extérieur puisque, si j'en crois certains chiffres, notre taux de dépendance énergétique aurait été de 48,6 % en 2010, ce qui témoigne d'une dépendance croissante en la matière !

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