Je répondrai pour ma part aux questions portant sur les sujets agricoles.
Madame Frédérique Massat, Monsieur Jean-Pierre Nicolas, la volatilité a quatre causes principales : le climat, l'environnement, les changements comportementaux, les décisions politiques. Je serais donc tentée de dire que la spéculation n'est que le « supplément d'âme » de cette volatilité. L'objectif de notre rapport, Mme Pascale Got l'évoquait, était d'être un outil à la disposition de l'exécutif dans le cadre des négociations du G20.
Monsieur Michel Raison, je partage vos commentaires, notamment sur l'absence de régulation et je voudrais dire à madame Catherine Coutelle que, sur certains sujets viticoles, nous nous sommes déjà retrouvés pour souhaiter davantage de régulation : je veux, évidemment, parler des droits de plantations. C'est au niveau européen au minimum qu'il faut travailler. M. Jean Gaubert a parlé des problèmes d'impact, notamment en Bretagne de la raréfaction des fourrages. On ne peut que partager ses commentaires. On sait les conséquences qu'ont eu en France ou en Russie ces raréfactions de fourrages.
MM. Thierry Benoit, Alain Suguenot et Mme Catherine Coutelle sont intervenus sur le sujet des biocarburants. Je voudrais dire à monsieur Benoit que l'étude de l'économiste Mitchell sur l'augmentation des prix à laquelle vous faisiez allusion et qui a été publiée en 2008 a été très controversée lors de sa sortie. Néanmoins, nous sommes d'accord sur le fait qu'il faut développer les recherches concernant les biocarburants de seconde génération et des coproduits. S'agissant de la question des terres, les États-Unis ont des rendements importants, qui leur permettent de produire pour les secteurs de l'alimentation et de l'énergie.
M. Suguenot a mis en avant les menaces qui pèsent sur la situation actuelle : je pense que la régulation de l'achat de terres agricoles peut passer par deux voies. En premier lieu, il existe encore de nombreuses terres agricoles, notamment en Afrique ainsi que nous l'ont confirmé les représentants de la FAO que nous avons auditionnés. En second lieu, il faut développer des biocarburants de seconde génération, plus performants, qui permettent de relâcher la pression sur les terres arables.
Mme Laure de la Raudière est revenue sur le sujet des stocks : il y a une initiative à ce sujet dans le cadre du G 20 qui vise également à mettre en place des systèmes d'information sur les marchés agricoles. Cela permet à la fois la constitution de stocks mais aussi une plus grande transparence. Ce sont des réponses tout à fait concrètes.
M. Patrick Lebreton a évoqué la régulation des prix. Il y a effectivement des questions de cet ordre qui se posent au niveau des filières. Pour autant, je pense que personne ici ne veut revenir à une administration des prix mais c'est une piste, en effet, à étudier.
Concernant l'impact des variations des prix des matières premières végétales sur l'élevage, M. Jean-Michel Villaumé a raison, comme M. Michel Raison tout à l'heure s'agissant de la question du bois, ce sont peut-être des thématiques sur lesquelles nous n'avons pas assez insisté dans ce rapport. Il est clair que des liaisons existent. Je m'engage à faire un développement sur ce point en prévision de la publication du rapport. Nous n'avons pas eu connaissance de la note que vous avez évoquée mais il est clair que l'idée de constituer des stocks et de les utiliser en cas de variations des prix à la hausse ou à la baisse pourrait permettre de limiter les variations et c'est un sujet sur lequel nous devrons travailler.
Mme Catherine Coutelle faisait allusion à l'esclavage des enfants, c'est un sujet sur lequel je ne peux que la rejoindre même si ce n'était pas l'objet de notre rapport.
M. William Dumas est intervenu sur l'impact de la Chine sur le cours des matières premières. La Chine en est effectivement un très gros consommateur et a donc une vraie influence sur le cours du blé et du maïs, mais pas sur le riz, pour lequel la Chine est dans un contexte d'autosuffisance. En ce qui concerne les achats de terres et la production « attitrée » de certains produits comme le cacao ou même les fleurs, il y a une réflexion en cours. Nous avons rencontré aux États-Unis, un acteur majeur de l'agroalimentaire mondial, Kraft Foods, qui nous a expliqué qu'ils avaient également envisagé d'assurer leur approvisionnement en faisant l'acquisition de terres.