Je voudrais à mon tour saluer l'excellent travail de la mission. Votre rapport percute brutalement le concept de démondialisation. Les rapporteurs ont utilisé plusieurs termes évocateurs : « l'opacité », face à laquelle vous suggérez davantage de transparence ; la « spéculation », à laquelle répond la régulation ; la « spéculation financière outrancière sur les marchés de matières premières », à laquelle pourrait répondre l'humanisation des marchés liée aux besoins humains.
Je souhaiterais aborder successivement trois thèmes qui me paraissent essentiels : l'inflation du prix des matières premières agricoles ; l'enjeu du développement des biocarburants, et principalement, du bioéthanol ; et l'instauration d'un accord européen pour réguler les prix des matières premières et les mesures anticoncurrentielles prises par les pays producteurs de pétrole.
Concernant les matières premières agricoles, à l'échelle mondiale, ce sont principalement les catastrophes naturelles et la spéculation qui dérégulent les prix des marchés agricoles : vous l'avez parfaitement démontré. Ce sont les pays en voie de développement qui en sont les plus éprouvés, tandis que les pays développés sont en mesure de faire face aux augmentations tarifaires. Les moyens dont dispose l'Union européenne pour plafonner les prix des matières premières agricoles vitales lors des périodes de ralentissement de la production permettraient de pallier les problèmes de famine dans les pays en développement. Il est essentiel de mieux répartir les productions de céréales entre les pays développés et les pays en voie de développement.
Au delà de l'enjeu écologique, le développement des biocarburants, et en particulier du bioéthanol, doit permettre de pallier la raréfaction des énergies fossiles et d'apporter des réponses vertueuses. Lorsque l'on sait que l'augmentation des biocarburants a des conséquences sur l'augmentation des prix des matières premières agricoles (céréales), et participent à 75 % à leur élaboration, n'est-il pas temps d'encourager plus encore la recherche et le développement des biocarburants dans un but écologique ? Ne faudrait-il pas distinguer les cultures ayant une fonction nourricière (pour les hommes et les animaux) des cultures intermédiaires ayant une vocation d'engrais vert ou de couvert végétal ?
Enfin, s'agissant des mesures anticoncurrentielles mises en place par les pays producteurs de pétrole, la limitation de la quantité de pétrole faisant l'objet d'une extraction, alors que les stocks existent et que la demande continue de croître, a un effet dramatique sur la volatilité des prix. Vous soulignez l'intérêt qu'aurait l'Union européenne à s'organiser pour suivre au plus près ces restrictions quantitatives qui faussent le jeu de la concurrence dans le but d'enrichir certains pays. Si cette intervention est possible, un dialogue devra être instauré avec les pays émergents et l'Europe, afin de contraindre les premiers à abandonner ces pratiques. La mise en place d'une véritable politique de l'Union européenne dans le domaine des matières premières, et essentiellement du pétrole, est nécessaire pour faire face à certaines organisations intergouvernementales, telle l'OPEP qui exerce à l'heure actuelle un pouvoir substantiel sur la formation des prix.