La recherche est en effet essentielle pour notre avenir, notamment en cette période de crise.
Le budget de l'Agence nationale de la recherche (ANR) stagne, alors qu'il s'agit d'un opérateur très important pour les investissements d'avenir. Si je suis conscient des efforts nécessités par la maîtrise des déficits, je suis aussi préoccupé par la baisse sensible du taux de réussite moyen des projets qui lui sont soumis, lequel est nettement inférieur à 20 % aujourd'hui, contre 26 % à l'origine. Cela risque de décourager les nouveaux talents, car dans les projets « blancs » laissés à l'initiative des chercheurs, peu de jeunes équipes sont retenues. Pouvez-vous nous éclairer, voire nous rassurer sur ce point ?
Par ailleurs, cinq ans après leur création, les pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) présentent une grande hétérogénéité. À Strasbourg, une fusion s'est opérée, à Aix-Marseille ou Bordeaux, une transition en ce sens se dessine et, à Sorbonne Universités, on s'oriente vers une fondation, tandis que d'autres PRES se sont révélés infructueux. Le PRES est-il une structure définitive ou évolutive, pouvant aller jusqu'à la fusion ?
Ces pôles sont aussi un facteur de valorisation de la recherche publique, qui, il y a encore quelques années, était peu abordée dans les universités françaises. Une grande révolution culturelle s'est produite chez les chercheurs à cet égard. Ces pôles permettent également d'assimiler notre particularité fondée sur la séparation entre les grandes écoles, de haut niveau mais avec peu de recherche, et les universités, et de créer des passerelles indispensables entre les deux. De plus, certaines universités avaient de petits services de valorisation : la mutualisation de leurs moyens a eu à cet égard un effet positif, alors même que celui-ci n'avait pas été envisagé au départ.
Les auditions réalisées dans les établissements m'ont en outre permis de constater le caractère préoccupant de l'emploi contractuel. Si le Gouvernement envisage une loi sur la titularisation de ces emplois, on assiste parfois, alors qu'aucun texte n'a été adopté, à la suppression prématurée de ceux-ci, conduisant à l'interruption de certaines recherches. C'est le cas notamment à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), où certaines personnes ont vu leur contrat suspendu alors que leur programme de recherche n'était pas terminé. Ce problème doit être distingué de celui des thésards qui prolongent leurs recherches.
Enfin, si l'État fait un effort important pour la recherche, je regrette que l'École normale supérieure (ENS) soit passée de la 71e à la 69eplace seulement dans le classement de Shanghai.