Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.
Mercredi dernier, votre ministère a présenté à des inspecteurs de l'éducation nationale médusés un nouveau dispositif destiné à combattre l'échec scolaire. Il s'agit d'un livret appelé « Aide à l'évaluation des acquis en fin d'école maternelle » et sous-titré « Outil de repérage des élèves présentant des risques pour les apprentissages ». Celui-ci permettrait de classer les élèves de grande section de maternelle en trois catégories : « RAS » – pour « rien à signaler » –, « risque » et « haut risque ». Les enseignants devraient remplir une « fiche élève » et une « fiche classe » reprenant les « scores » réalisés par les enfants aussi bien pour leur comportement que pour leur maîtrise du langage, leur développement moteur ou leur « conscience phonologique ». Je rappelle qu'il s'agit d'enfants de cinq ans !
Les mots sont rarement innocents. L'école maternelle va-t-elle entrer à son tour dans l'ère du dépistage, de la sélection et de la compétition, conformément au souhait d'un ancien ministre de l'intérieur, devenu Président de la République, qui voulait en 2005 que « les enseignants puissent détecter les problèmes comportementaux d'un certain nombre de jeunes avant qu'il ne soit trop tard » ?
La mise en place de ce nouvel outil est annoncée pour novembre 2011, sans la moindre concertation avec les associations de parents d'élèves et les syndicats d'enseignants, qui ont fort mal accueilli cette initiative aboutissant au calibrage des enfants par un processus d'étiquetage. Ils soulignent l'incohérence de ce projet, à un moment où l'on supprime par milliers des postes de personnels des RASED et de la médecine scolaire. Le ministère va-t-il réellement mettre en oeuvre ce funeste projet, ou peut-il comprendre qu'il vaut mieux y renoncer ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)